Mes meilleures amies (2011) ★★☆☆

Annie (Kristen Wiig) a trente-cinq ans. Tout va de travers dans sa vie. La pâtisserie qu’elle avait fondée à Milwaukee a déposé son bilan. Son fiancé qui la dirigeait avec elle l’a quittée. Son nouveau copain (Jon Hamm, la vedette de Mad Men) est un mufle. Seule source de réconfort : sa meilleure amie, Lilian (Maya Rudolph), s’est fiancée et a demandé à Annie de préparer son mariage. Mais composer avec les quatre demoiselles d’honneur et ne pas se faire éclipser par Helen (Rose Byrne) ne va pas s’avérer si facile.

Mes meilleures amies fait partie des comédies produites par Judd Apatow, le réalisateur de 40 ans, toujours puceau et de En cloque, mode d’emploi. Entouré d’une bande d’ami.e.s au nombre desquels Kristen Wiig, qui cosigne le scénario de Mes meilleures amies et en interprète le rôle principal, il a impulsé à la comédie américaine son style très particulier : un humour corrosif, décalé et volontiers régressif sinon scatologique.

Judd Apatow ressasse constamment les mêmes thèmes : l’amitié, la difficulté de l’engagement. On les retrouve dans Mes meilleures amies, cette fois-ci déclinés au féminin – tandis que jusqu’alors, les comédies d’Apatow étaient si exclusivement masculines que l’accusation de sexisme commençait à fleurir à son sujet.

Mes meilleures amies a connu un immense succès à sa sortie. Tourné pour 32 millions de dollars, il en a remporté cinq fois plus. Il s’est vite hissé au rang de films-cultes, dont certaines scènes – notamment celle qu’on trouve sur Youtube d’un essayage de robe de mariée tournant au drame à cause d’une intoxication alimentaire – sont devenues légendaires.

Il faut bien reconnaître que certains passages de Mes meilleures amies sont hilarants. L’abattage de Kristen Wiig y est pour beaucoup et aussi celui des comédiennes qui l’entourent à commencer par Melissa MacCarthy – dont Nos meilleures amies a lancé la carrière – et Rebel Wilson. Le problème est le scénario qui les relie les uns aux autres. Sur le thème, très américain, de la préparation d’un mariage, avec ses rites et ses étapes (le bridal shower, la bachelorette party, le reherasal dinner…), Mes meilleures amies ne raconte pas grand chose sinon les déboires d’une trentenaire dont il est difficile de prendre au sérieux le mal-être tant son humour inextinguible semble capable de venir à bout de tous les obstacles.

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Just Kids ★☆☆☆

Jack, Lisa et Mathis forment une fratrie mise à mal par la mort de leur mère, frappée par une longue maladie, et la disparition de leur père. À la mort de leur père, les trois jeunes gens sont mis au pied du mur. Lisa (Anamaria Vartolomei) préfère la fuite. Jack (Kacey Mottet Klein), qui est à peine majeur, se voit confier la tutelle du petit Mathis (Andrea Maggiulli), âgé de dix ans à peine. La responsabilité est écrasante pour le jeune homme qui peine à l’assumer.

Le sujet de Just Kids est touchant. Comment une fratrie vit-elle le deuil de ses parents ? Comment un jeune majeur assume-t-il la responsabilité de son cadet ? Sujet d’autant plus touchant que le réalisateur, Christophe Blanc, nous dit qu’il est en partie autobiographique.

Le résultat hélas est bien fade et le semblera d’autant plus à ceux qui ont vu et aimé sur le même thème Amanda.

La faute n’en est pas aux deux acteurs principaux. Dans le rôle de Mathis, on découvre le jeune Andrea Maggiulli, les cheveux longs, quelques kilos en trop et une sacrée énergie. Dans celui de Jack, on retrouve Kacey Mott Klein. L’acteur a vingt ans à peine ; mais voilà bien une dizaine d’années qu’on le voit grandir sous l’œil d’abord de la Suissesse Ursula Meier (Home, L’Enfant d’en haut), d’Anne Fontaine (Gemma Bovery), d’André Téchiné (Quand on a 17 ans, L’Adieu à la nuit), de Xabi Mollia (Comme des rois) ou de Joachim Lafosse (Continuer). Les plus cinéphiles se souviendront que l’histoire de L’Enfant d’en haut où il interprétait un gamin espiègle vivant sous la seule garde de la très jeune Léa Seydoux, dont on comprendra à la fin du film qu’elle n’est pas sa sœur mais sa mère, anticipait la structure de Just Kids en diagnostiquant les relations entre un jeune adulte et un pré-adolescent.

Le problème n’est pas dans le jeu d’acteurs mais dans un scénario qui faute d’avoir grand-chose à dire le dit en prenant la tangente et en quittant Grenoble où la première moitié du film s’était déroulée. C’est d’abord une échappée belle en Espagne où Jack et Mathis vont récupérer à leur corps défendant une cargaison de jambons. Puis c’est l’installation sur la Côte d’Azur où Lisa a trouvé un job.

Devinez comment le film se termine ! Les deux frères vont lentement accepter la mort de leurs parents et Jack, mûri par l’expérience, est désormais capable d’assurer la tutelle de son cadet. Ça alors !

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Outrage (1950) ★★★☆

Ann Walton (Mala Powers) est une jeune employée de bureau qui vit encore chez ses parents avant d’épouser son fiancé. Mais le viol dont elle est victime va avoir raison de son équilibre psychologique. Ne supportant pas la sollicitude de ses proches, elle prend soudainement la fuite. Sur le chemin de la Californie, elle est recueillie par un pasteur qui va lui redonner confiance en elle-même.

Hollywood dans les années quarante était un microcosme terriblement machiste. Ida Lupino, qui y avait acquis une certaine renommée pour ses rôles de femme fatale, y monta avec son mari une société de production et y signa plusieurs films à petit budget. Outrage, sorti en 1950, était son troisième et reste à ce jour le plus connu.

Il y est question, même si le mot n’est jamais prononcé (car la censure ne l’aurait pas permis), d’un viol et de ses répercussions. Le film, d’une inhabituelle brièveté (une heure et quinze minutes seulement) compte deux parties nettement séparées. La première se déroule dans la ville natale, innommée, d’Ann Walton. On la suit d’abord dans l’insouciance de ses activités quotidiennes. Puis, c’est la scène du viol, filmée de nuit, sans bien sûr ne rien montrer de l’acte lui-même mais en le laissant deviner avec les jeux d’ombres et de lumières qu’Hollywood affectionnait à l’époque. Et, dans un troisième temps, c’est l’impossible convalescence.

La seconde partie du film se déroule dans un cadre tout autre. Ann s’est enfuie de chez elle et a trouvé refuge dans une immense exploitation agricole qui produit et commerce des oranges. Aux perspectives urbaines et nocturnes de la première partie ont succédé les immenses espaces agrestes et ensoleillés de la seconde. On comprend à ce changement de décor que la guérison d’Ann est en bonne voie.

[Spoiler] Le film connaît un dernier rebondissement lorsque Ann agresse, lors d’une fête campagnarde, l’homme qui tentait de flirter avec elle, le laissant entre la vie et la mort. Le procès qui se déroule alors interroge la responsabilité pénale de la femme violée, qui revit sans cesse son agression et qui en combat le souvenir par le déploiement d’une violence sans retenue. Grâce au plaidoyer vibrant du pasteur qui la défend, le juge accepte de ne pas mettre Ann en prison mais de l’enjoindre à se soigner. À l’occasion du procès, le cas du violeur – qui vient d’être opportunément arrêté et s’avère avoir de lourds antécédents criminels – est lui aussi évoqué et les protagonistes s’accordent à considérer qu’il devrait lui aussi être soigné plutôt qu’incarcéré.

Pépite oubliée de l’âge d’or hollywoodien, Outrage de Ida Lupino louche du côté du film à thèse sacrifiant la crédibilité de son récit sur l’autel d’une cause d’une étonnante modernité pour un film de cette époque : la prise de conscience du traumatisme causé par une agression sexuelle.

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White Riot ★☆☆☆

White Riot – du nom d’un des titres des Clash – raconte l’histoire d’un mouvement anti-raciste né en Angleterre à la fin des années 70 en réaction à la montée de la xénophobie : Rock Against Racism.

Documentaire sorti en salles l’été dernier entre deux confinements, White Riot intéressera deux publics.

D’une part les amateurs de musique qui se régaleront en écoutant The Clash, Tom Robinson Band, X-Ray Spex, The Selecters, Street Pulse… et qui pinailleront prétentieusement en relevant que London Calling, le titre iconique avec lequel s’ouvre le documentaire, n’est sorti qu’en décembre 1979, après les faits qu’il relate.

D’autre part les passionnés d’histoire qui replongeront dans l’Angleterre des années 70. On a oublié que la crise profonde qu’elle traversait alors avait nourri, dix ans avant l’essor du Front national en France, un puissant mouvement de racisme et de xénophobie. White Riot montre, à partir de documents d’archives les discours enflammés d’Enoch Powell, le chef du National Front, et les dérives de quelques grands noms de la scène musicale – David Bowie, Eric Clapton. Alors que le mouvement punk criait No Future, les activistes de Rock Against Racism lançaient un fanzine TempoRARy Hoarding dénonçant la peste brune et aspirant à un futur moins noir.

Sans doute White Riot raconte-t-il une page d’histoire qui résonne encore avec notre époque – même si on aurait aimé savoir pourquoi l’extrême-droite anglaise s’était dissoute dans le thatchérisme à la différence de ses cousins continentaux. Sans doute Rubika Shah, sa réalisatrice, a-t-elle honnêtement fait son travail en retrouvant de nombreuses archives et quelques protagonistes de l’époque – dont la dégaine de gentils retraités aujourd’hui ne laisse pas deviner l’engouement des luttes passées. Pour autant, on comprend mal l’intérêt de la sortie de ce documentaire très conventionnel en salles sinon celui de peupler des écrans laissés orphelins depuis que le robinet hollywoodien s’est tari.

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Cette sacrée vérité (1937) ★★★☆

Jerry et Lucy Warriner sont jeunes, beaux, follement riches. Ils mènent chacun de leur côté une vie très libre qui les conduit à se décider de se séparer. Le juge qui prononce leur divorce leur laisse toutefois quatre-vingt-dix jours pour se rétracter. Jerry et Lucy profitent de ce délai pour nouer des intrigues romantiques… et pour saboter celles de leur conjoint.

Cette sacrée vérité (1937) est peut-être le film le plus emblématique d’un genre qui marqua l’âge d’or de Hollywood : la comédie du remariage. Le principe en était simple, autant que loufoque : un couple marié se sépare puis se retrouve. À la vérité, il s’agissait moins pour les studios hollywoodiens de parler de remariage que d’adultère, dont l’évocation était censurée par le code Hays. Sur cette base là, Hollywood réalisa des chefs d’œuvre d’humour et de légèreté : L’impossible Monsieur Bébé, Indiscrétions, La Dame du vendredi, Madame porte la culotte où l’on retrouve métronomiquement Katharine Hepburn, Cary Grant, James Stewart, Spencer Tracy.

Cette sacrée vérité coche toutes les cases de la comédie du remariage parfaitement huilée. Le tandem Cary Grant/Irene Dunne s’y montre d’une réjouissante complicité – au risque de miner un scénario qui repose, au départ, sur leur séparation. Les seconds rôles sont hilarants, les situations loufoques à souhait se succèdent à un rythme fou. Les dialogues surtout sont d’une ébouriffante malice, la traduction ne parvenant pas toujours à en retranscrire le sel.

Le seul défaut de Cette sacrée vérité est paradoxalement sa perfection. Tout y est si huilé, si drôle, si remarquablement enchaîné qu’on finit presque par s’y ennuyer.

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Last Words ★☆☆☆

En 2086, la population mondiale a été décimée par une épidémie qui a asséché les sols et pollué les eaux. Une poignée d’humains a survécu parmi lesquels Kal qui, après la mort de sa sœur, quitte Paris pour Bologne en Italie. Il y retrouve dans les ruines de la cinémathèque, un vieil amoureux du cinéma (Nick Nolte) qui possède encore quelques bobines de films et qui incite Kal à fabriquer une caméra pour immortaliser la vie qui s’en va. Ensemble, ils se rendent près d’Athènes et y découvrent la dernière communauté humaine.

J’ai toujours aimé les films post-apocalyptiques, les uchronies qu’ils envisagent (que deviendrait notre monde après une catastrophe planétaire ?), les drames poignants qu’ils permettent de concrétiser (quelle pulsion de vie nous animerait encore si nous étions le dernier humain sur terre ?). Dans ce genre là, mes films préférés sont, sans surprise, Mad Max (même si le tout dernier ne m’a pas autant enchanté que le tout premier), La Route, adapté du chef d’œuvre de Cormac McCarthy, et Les Fils de l’homme.

En 2020, Last Words sort à pic qui imagine qu’un méchant virus attaquant le système respiratoire aurait décimé l’essentiel de l’humanité. Pourtant, son projet est bien antérieur au Covid. Il est adapté d’un roman de Santiago Amigorena publié en 2015.

Last Words emprunte son esthétique à Mad Max : paysages désertiques, personnages loqueteux ; mais ce n’est pas un film d’action avec son lot de course-poursuites et de zombies cannibales. Last Words se veut plutôt un conte philosophique, une réflexion sur la capacité du cinéma et des images à créer du lien social.

Son casting est un mélange cosmopolite d’acteurs de toutes origines qui déambulent en guenilles, comme des âmes en peine, dans les ruines de Paestum : un jeun Gambien dans le rôle principal, un Américain (Nick Nolte), un Suédois (Stellan Skarsgård), une Française (Charlotte Rampling), une Italienne (Alba Rohrwacher), une Anglaise (Maryam d’Abo qui fut jadis une oubliable James Bond girl aux côtés de Timothy Dalton)…

La conclusion du film est pessimiste. Elle résonne peut-être avec l’expérience du réalisateur, Jonathan Nossiter, venu du documentaire (on lui doit l’excellent Mondovino), reconverti à l’agriculture biologique en Italie. Il semble être arrivé à la conclusion que le cinéma ne sert à rien. Bien triste constat….

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L’Étrangleur de Boston (1968) ★★☆☆

Dans les années soixante, la panique gagne Boston où sévit un tueur en série. Ses cibles : des femmes de tout âge, qu’il doit probablement séduire puisqu’aucune infraction n’est relevée à leur domicile, qu’il étrangle et qu’il viole post-mortem. Un bureau spécial est créé à la police et John Bottomly (Henry Fonda) s’en voit confier la tête.
Mais les crimes continuent.
Enfin un suspect est arrêté. Il s’agit d’Albert de Salvo (Tony Curtis), un honnête père de famille, mordu à la main par sa dernière victime. Aucune preuve matérielle ne l’accuse. Mais Bottomly se fait fort de lui arracher des aveux.

L’Étrangleur de Boston est inspiré de faits réels. Il raconte sur un mode quasi-documentaire les crimes commis entre 1962 et 1964 dans la capitale du Massachusetts, la patiente enquête policière, ses tâtonnements et enfin l’arrestation du principal suspect.

L’Étrangleur de Boston compte deux parties distinctes d’une forme bien différente. La première montre en même temps les crimes commis – sans bien sûr jamais révéler le visage du meurtrier – et les efforts de la police pour appréhender le criminel. Richard Fleischer utilise pour ce faire la technique du split screen qui était à l’époque à la mode (L’Affaire Thomas Crown sort la même année). L’action se resserre dans la seconde partie sur le face-à-face étouffant entre Bottomly et Salvo. Au montage très éclaté de la première partie du film succèdent de longs plans-séquence puis des plans fixes de plus en plus rapprochés sur le visage de Salvo.

On comprend alors l’enjeu du film. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un film policier dont l’objet serait d’enquêter sur des crimes et d’en découvrir l’auteur. Il s’agit plutôt d’un film psychanalytique, comme Hollywood aimait en faire depuis les années quarante, sur un psychopathe nous invitant à plonger dans son esprit malade.

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Lil Buck Real Swan ★☆☆☆

Lil Buck – né Charles Riley – est devenu une icône de la danse contemporaine. Il a grandi à Memphis et y a pratiqué très jeune le jookin, une danse urbaine cousine du gangsta-walk. Il complète sa formation au New Ensemble Ballet de Memphis avant de partir poursuivre sa carrière en Californie. En 2011, le réalisateur Spike Jonze filme sur son téléphone portable son interprétation du Cygne de Camille Saint-Saëns accompagné par le violoncelliste Yo-Yo Ma. La vidéo devient virale. C’est le début du succès pour le jeune artiste.

Louis Wallecan, qui lui avait déjà consacré un documentaire en 2013, lui en consacre un second dont on peine à comprendre l’intérêt, si ce n’est dans la publicité qu’il fait pour le danseur.

Certes son art est étonnant, audacieuse synthèse du street dancing et de la danse classique. Je n’avais pas vu son interprétation du Swan et me sens désormais moins ignare. Mais j’aurais aimé en savoir davantage sur le jookin, sur les amis qui ont entouré Lil Buck à ses débuts dans les rues de Memphis, dont on se désintéresse dès que l’enfant prodige prend son envol. Et surtout, je n’ai pas aimé me sentir pris en otage par une œuvre tout entière à la dévotion de son héros.

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Le Fantôme de Laurent Terzieff ★★☆☆

Laurent Terzieff est mort en 2010. Jacques Richard lui consacre un long documentaire pour retracer sa vie et son œuvre, grâce à des documents d’archive, des extraits de ses films, des captations de ses pièces et les interviews de ceux qui l’ont bien connu.

Laurent Terzieff, c’était d’abord une gueule incroyable : des yeux verts, des lèvres énormes, les traits de plus en plus émaciés avec l’âge, un sourire à la fois carnassier et doux qui s’ouvrait sur des dents jaunies par la cigarette. Laurent Terzieff, c’était aussi une voix inimitable, grondante ou murmurante. Laurent Terzieff, c’était enfin une diction théâtrale qu’il n’abandonnait jamais même hors des planches.

Très jeune il découvre le théâtre. Mais c’est au cinéma qu’il doit ses premiers succès. Son physique de jeune premier lui vaut autant de succès que Delon ou Belmondo et annonce une brillante carrière internationale. Il tourne à Paris et à Rome, avec Autant-Lara, Clouzot, Garrel, Pasolini, Buñuel ou Bolognini. Mais, il décline les appels du pied de Hollywood – où dit-on un film avec Marylin Monroe lui avait été proposé – et préfère se consacrer à sa passion : le théâtre.

Au cours de Tania Balachova, il rencontre Pascale de Boysson qu’il ne quittera plus – même s’il ne se mariera jamais et n’aura jamais d’enfants. Ensemble, ils fondent en 1961 la compagnie Laurent Terzieff qui se spécialise dans le théâtre contemporain : Paul Claudel, Arthur Adamov, Murray Schisgal, Edward Albee …

Le documentaire de Jacques Richard ne brille pas par son originalité. Il peine à se hisser au-delà du tout-venant télévisuel. Si le Lucernaire est la seule salle parisienne à l’avoir diffusé, c’est sans doute en raison du rôle que Terzieff a joué dans la création de cet espace culturel unique, en 1968 impasse d’Odessa près de la gare Montparnasse, avant de déménager rue Notre-Dame-des-Champs.

Le Fantôme de Laurent Terzieff nous permet toutefois pendant deux heures de nous replonger dans la vie et dans l’œuvre de cet exceptionnel homme de théâtre et dans l’intensité d’une vie toute entière vouée à sa passion.

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Tijuana Bible ★☆☆☆

À la frontière du Mexique et des Etats-Unis, Tijuana est une ville violente rongée par la prostitution et le trafic de drogue. Nick (Paul Anderson, l’aîné des frères Shelby dans la série Peaky Blinders), un vétéran d’Irak, traumatisé par la mort de ses frères d’armes, est venu s’y enterrer vivant. Sa route croise celle d’Ana (Adriana Paz), une jeune Mexicaine qui recherche son frère, et celle de Topo (Noé Hernadez) un chef de gang sans foi ni loi.

Le réalisateur Jean-Charles Hue trace un sillon original. Ses deux premiers films, La BM du Seigneur et Mange tes morts, suivaient les pas d’une famille yéniche dans le Nord de la France. Son troisième change radicalement d’horizon et nous amène en Amérique du Nord, dans un territoire anomique que le réalisateur connaît bien pour le fréquenter depuis douze ans.

Son ambition, on le sent, est de nous faire toucher du doigt la réalité de cette ville violente et âpre. Avec son chef opérateur, il capte des jeux de lumière d’une beauté bouleversante, reflets du parcours intérieur du héros qui traque la poésie dans la fange. Il est aidé par la prestation impressionnante de Paul Anderson, dont l’interprétation à fleur de peau dans Peaky Blinders avait révélé l’immensité du talent. Nul doute qu’on tient ici une « gueule » hors pair qui, si elle sait choisir ses rôles et si Hollywood sait lui en écrire, peut espérer une carrière à la Willem Dafoe ou à la Mickey Rourke.

Mais cette visée documentaire est contredite par l’objet du film. Jean-Charles Hue signe une fiction avec un scénario. Le problème est que ce scénario est bien faiblard, même si la quête quasi-policière du fils disparu aurait dû suffire à le tendre. Sans doute aurait-il mieux fait de sauter le pas et de consacrer à Tijuana le documentaire qu’il avait envie de réaliser.

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