Et si ? Et si Julia, alors qu’elle était encore adolescente, était partie cette nuit-là à Berlin pour y assister à la chute du Mur, provoquant la colère de son père et l’interruption de ses études de piano ? Et si Julia n’avait pas rencontré Paul dans une librairie un jour d’orage ? Et si Julia n’avait pas remporté le concours Clara-Schuman et avait dû renoncer à la brillante carrière de soliste qui s’offrait à elle ? Et si, à la veille de son premier concert, elle avait eu un accident de scooter qui lui aurait fait perdre l’usage de sa main droite et aurait provoqué une fausse couche ? Et si….
Le Tourbillon de la vie pose des questions métaphysiques en diable : notre vie est-elle écrite d’avance ? sommes nous voués à vivre le destin qui nous est promis ? ou est-elle le produit de bifurcations hasardeuses, de choix plus ou moins mûris, de concours de circonstances, de rencontres – ou d’absences de rencontres – inopinées ?
Je me souviens du choc qu’avaient produit sur moi ces questions la première fois que je me les étais posées. C’était au hasard (!) d’une lecture qui marqua ma génération : L’Insoutenable Légèreté de l’être. On se souvient – ou pas – que Kundera, à rebours de la conception platonicienne de l’amour, y désacralise le coup de foudre qu’il réduit à une pure contingence. Ses deux héros, Tomas et Tereza, ne seraient jamais tombés amoureux l’un de l’autre s’ils ne s’étaient pas rencontrés par hasard dans une petite ville de Bohême : « Nous croyons tous qu’il est impensable que l’amour de notre vie puisse être quelque chose de léger, quelque chose qui ne pèse rien; nous nous figurons que notre amour est ce qu’il devrait être : que sans lui notre vie ne serait pas notre vie »
Je me souviens de mon éblouissement ravi quand je lisais ces phrases à vingt ans : la vie s’annonçait merveilleuse, riche de mille surprises…. Il suffisait de faire confiance au hasard et de savoir saisir les opportunités qui ne manqueraient pas de se présenter. Avec la crise de la quarantaine, cet optimisme béat a cédé la place à un noir pessimisme. Là encore, une lecture en fut la cause : La Vie très privée de Monsieur Sim qui tire du postulat de Kundera des conséquences diamétralement opposées. Si le hasard va nous permettre de rencontrer l’amour de notre vie ou de décrocher une opportunité professionnelle inespérée, il va plus sûrement encore nous les faire rater. Si nous croisons par hasard dans la foule un visage connu, combien en avons-nous raté de quelques secondes ou de quelques mètres ?
Pardon pour cette longue digression qui semble nous éloigner du film que je suis censé présenter et dont vous lisez patiemment – pour ceux qui ne l’ont pas encore zappée – la trop longue critique. Son seul objet était de souligner combien le sujet me touche.
Son traitement cinématographique n’était pas évident. Il s’agissait de mettre en images un processus stochastique ou, pour le dire plus simplement, un arbre de probabilités.
À ce stade, si j’en avais la compétence technique, j’insèrerais dans mon texte le schéma de cet arbre avec les embranchements énumérés dans mon introduction.
Tout l’art du film et de son scénario est d’entremêler les vies de quatre Julia potentielles qui auraient pu exister selon les options choisies.
Un scénario paresseux se serait contenté de les raconter les unes après les autres. Olivier et Camille Treiner font le pari plus risqué d’une construction ambitieuse qui entrelace ces quatre récits. Le résultat est concluant : on ne se perd jamais et on réussit – grâce notamment au maquillage et à la coiffure de Lou de Laâge – à identifier immédiatement le registre de chaque scène.
Quelle est la réponse que Le Tourbillon de la vie donne à la question qu’il pose ? Les quatre destins de ces quatre Julia semblent à première vue très différents : l’une s’installe à Berlin, une autre n’aura jamais d’enfants, une autre fera une brillante carrière internationale…. Mais toutes les quatre se retrouvent au même nœud – comme si la mort des êtres aimés, hélas, était le seul événement inéluctable de la vie. Et toutes surtout donnent à voir la même Julia qui, sous des modalités différentes, vivra la passion de la musique que lui a transmise un père aimant (Gregory Gadebois, toujours parfait).
Même si on en a vu pendant tout le mois de décembre la bande-annonce dans les salles, Le Tourbillon de la vie n’a fait l’objet d’aucune projection de presse. De quoi les distributeurs ont-ils eu peur ? Sans doute, des esprits chagrins pourraient trouver l’ultime scène – et l’horrible maquillage qui défigure l’actrice principale – de trop. La volonté de nous arracher des sanglots y est poussée un peu trop loin. Mais, tous ceux qui aiment mouiller leurs Kleenex au cinéma ne s’en plaindront pas. J’en suis !
Jeune pasteur danois, Lucas est missionné par son père, pasteur comme lui-même, pour aller construire une église en Islande qui, à la fin du XIXème siècle était encore sous domination danoise. Le jeune homme, passionné de photographie emporte avec lui son matériel pour immortaliser quelques scènes. Après une longue traversée, le prêtre de constitution fragile débarque sur l’île hostile qu’il a l’intention de traverser de part en part. Quelques cavaliers l’accompagnent dont il ne parle ni ne comprend la langue. Au terme de son odyssée, Lucas arrivera enfin à destination.
Pietro a une dizaine d’années. Turinois, garçon des villes, il passe ses vacances chaque année avec ses parents dans les montagnes du Val d’Aoste où son père, passionné de randonnée, l’entraîne à l’assaut des cimes. Pietro s’y lie d’amitié avec Bruno, un orphelin élevé à la dure par son oncle et sa tante. Malgré leurs différences de classe et leurs choix de vie antagonistes, Pietro décidant de partir au bout du monde alors que Bruno ne franchira jamais les limites de sa vallée, une amitié profonde et durable cimentera les deux hommes.
Marié et père de famille, Didar travaille à Almaty dans un journal au bord de la faillite. Il a une passion, la poésie, et un modèle, Makhambet Utemisov, un poète kazakh du 19e siècle, qui s’est rebellé contre les autorités et qui a connu une fin tragique.
Dans l’arrière-pays tunisien, au lever du soleil, un pick-up vient chercher la vingtaine d’hommes et de femmes qui vont, toute la journée, cueillir les figues d’un verger. Le patient travail sous la frondaison des arbres fruitiers s’effectue lentement. Les jeunes filles échangent des confidences, sous le regard des aînés. Des relations s’ébauchent…
Vlad, un acteur de la Comédie-Française meurt sur scène. Il a le temps de murmurer à l’oreille de Martin (Vincent Lacoste), un autre sociétaire, le nom de la mystérieuse organisation qui l’a empoisonné : le Parfum vert. Avec Claire (Sandrine Kiberlain), une bédéiste, Martin, que la police soupçonne du crime de Vlad, part à la poursuite de ces criminels à Bruxelles et à Budapest où ils ont l’intention de profiter d’une représentation de L’Illusion comique qu’y donne la Comédie-Française pour s’y approprier une arme technologique de fabrication chinoise.
Le grand reporter Gianfranco Rosi a bourlingué sur toute la planète. À partir des archives pontificales, il a monté ce documentaire consacré aux innombrables voyages effectués par le pape François depuis 2013.
Une année dans la vie de Sissi impératrice.
Walid, la quarantaine, vit à Haifa avec sa femme, infirmière, sa fille et son fils, affligé de maux de ventre récurrents qu’une docteure russe croit pouvoir imputer à la fièvre méditerranéenne. Il a quitté la banque qui l’employait pour se mettre à écrire, mais est victime du syndrome de la page blanche qui le plonge dans une profonde dépression. L’arrivée d’un bruyant voisin, Jalal, qui vit de louches combines, va peut-être l’en guérir. Walid en effet souhaite écrire un livre sur la pègre.
À Paris, au milieu des 80ies, Stella (Flavie Delangle) a dix-sept ans. Son père (Benjamin Biolay), machiste et alcoolique, vient de quitter sa mère (Marina Foïs), qui peine à tenir seule le bistro familial.