Maryline, la vingtaine, quitte son petit village et monte à Paris faire l’actrice.
Quatre ans après Guillaume et les garçons à table !, on attendait avec impatience le deuxième film de Guillaume Gallienne. D’ailleurs, un public nombreux lui fait honneur depuis sa sortie, que ne décourage pas une critique pourtant très mitigée.
J’avoue que le César du meilleur film 2014 m’avait inspiré quelques réserves. J’avais bien sûr ri au portrait grinçant d’une certaine bourgeoisie homophobe. Mais l’épilogue paradoxal du film, où Gallienne faisait sur scène l’aveu de son hétérosexualité, m’avait laissé un arrière-goût désagréable.
Pour autant, la bande-annonce de Maryline m’avait mis l’eau à la bouche. On y découvre une inconnue, Adeline d’Hermy, que Gallienne est allé chercher parmi les sociétaires de la Comédie-française – et qui devrait logiquement décrocher le César du meilleur espoir féminin en mars prochain. Avec ses faux airs de Anouk Grinberg et de Marie Gillain, elle joue le rôle d’une jeune fille en mal de reconnaissance naviguant à vue entre petits rôles et grosses déconvenues.
Le film est plus déconcertant, moins linéaire que la bande-annonce le laissait augurer. Après une première scène en province où l’on voit Maryline répandre non sans mal les cendres de son père dans le champ familial puis prendre le bus vers Paris, on la retrouve en plein tournage d’un film en costumes sous la férule d’un réalisateur allemand sadique (Werner Herzog ? Fritz Lang ?). Puis sans transition la voici alcoolique employée dans un centre de tri postal. Un réalisateur lui donne une seconde chance et la fait tourner à côté d’une star interprétée par Vanessa Paradis – qui jadis jouait des rôles de midinette et désormais des rôles de prima donna déchue.
La mise en scène de Gallienne ne s’embarrasse pas de transitions. C’est son droit. Mais ces ellipses incessantes perdent le spectateur. Pire : elle prive le personnage de Maryline de toute cohérence et de toute crédibilité. On la voit ivre et bégayante et, la minute d’après, resplendissante et flamboyante. On peut être enthousiasmé par ce pur joyau qui brille de mille feux. J’aurais aimé l’être. Mais j’ai plus été désorienté que conquis.