Rafiki ★★☆☆

Kena et Ziki vivent dans le même quartier de Nairobi mais tout les sépare. Autant Kena, avec sa poitrine plate, ses pantalons informes et ses loisirs de garçon, est masculine ; autant Ziki, ses tresses afro, ses robes colorées et ses courbes girondes, est féminine. La première est d’origine modeste alors que la seconde appartient à la classe moyenne. Leurs pères s’affrontent aux prochaines élections locales.
Elles éprouvent l’une pour l’autre une attraction immédiate et irrésistible. Mais l’homosexualité est mal vue au Kenya : elle est punie par la loi et condamnée par l’Église.

Rafiki arrive sur nos écrans précédé d’une réputation sulfureuse. Ce film, programmé à Cannes dans la section Un certain regard puis à Cabourg, a été censuré par la Commission kenyane de classification. La décision administrative a été partiellement censurée par la Haute Cour du Kenya qui a autorisé sa diffusion pendant une semaine dans une salle commerciale – condition nécessaire et suffisante pour que Rafiki puisse concourir à l’Oscar du meilleur film étranger.

Il n’y a pourtant pas de quoi choquer grand monde dans ce film romantique et girly, si ce n’est que le couple qu’il met en vedette est homosexuel. Aucune provocation, aucun prosélytisme. La romance qui les unit est très chaste et aucune scène de sexe n’est filmée, aucune nudité dévoilée. Le film est tous publics en France et c’est justice.

La réalisatrice Wanuri Kanui raconte une histoire universelle qui pourrait se dérouler sous n’importe quelle latitude. Qui espérait voir (ou revoir) Nairobi serait bien déçu : les décors d’une banlieue sans caractère, ni huppée ni miséreuse, sont à mille lieux de tout exotisme.

Si Rafiki avait été l’œuvre d’un réalisateur européen ou américain, on ne s’y serait pas arrêté sinon pour lui reprocher son manque d’originalité. Mais venant d’un pays dont la production cinématographique est bien chiche, traitant d’un sujet qui y est encore tabou et tombant, pour ce motif, sous le coup d’une censure qui nous semble, vu d’Occident, bien obscurantiste, Rafiki retient notre attention pour des motifs qui n’ont pas grand chose de cinématographique.

La bande-annonce

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