Pig ★☆☆☆

À Téhéran, de nos jours, un mystérieux serial killer assassine les cinéastes les plus réputés, tranche leurs têtes et trace sur leur front au cutter les lettres du mot « cochon » (« khook »).
Hassan Kasmai, la cinquantaine, est interdit de tournage par le régime. Il survit en tournant des spots publicitaires insipides. Il étouffe entre sa mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer, sa femme et sa fille qui lui sert d’attachée de presse. Il vit très mal de n’avoir pas été pris pour cible par le serial killer et y voit le signe du déclin de sa célébrité au moment où son actrice fétiche menace de le quitter pour un réalisateur plus populaire.

Le cinéma iranien est d’une étonnante richesse, au point de faire jeu égal, en qualité sinon en quantité avec celui des autres géants asiatiques : Chine, Inde, Japon… Pas un mois ou presque sans que nous arrive de Téhéran une curiosité. Rien qu’en 2018, on a vu notamment La Permission de Soheil Beiraghi, Invasion de Sharam Mokri, Trois visages de Rafar Panahi, Un homme intègre de Mohammad Rasoulof…

Pig a toute sa place dans cette brillante galerie. Son sujet est audacieux et on se demande comment il a franchi la censure iranienne. Jugez-en par vous-même : un réalisateur bâillonné par le régime (poke Jafar Panahi), un meurtrier qui assassine impunément, un policier ridicule et impuissant, des soirées chic qui rassemble la haute société téhéranaise…

Le héros narcissique, aux faux airs de Gustave Kervern iranien, est irrésistible. On l’imaginerait volontiers dans un film d’Almodovar intitulé Réalisateur au bord de la crise de nerfs. Pig est une parodie de film de genre, un faux thriller, une farce entrecoupée de quelques scènes purement oniriques… Les thèmes qu’il traite sont ambitieux, trop peut-être : la célébrité, la tyrannie des réseaux sociaux, la maturité…

Le problème est que la mayonnaise ne prend pas. Passée la première demie-heure et l’étonnement que le sujet suscite, on se lasse vite des rebondissements d’une intrigue cruellement dépourvue de crédibilité. On peine à s’attacher aux personnages pas plus qu’on n’adhère à un scénario qui se termine en queue de poisson. Dommage…

La bande-annonce

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