In My Room ★★☆☆

Rien ne va pour Armin (Hans Low), la trentaine. Suite à une ultime bourde, il est à deux doigts de perdre son job de caméraman à la télévision allemande. Sa vie sentimentale est un désastre. Sa grand-mère, que veille son père, est mourante.
Un beau matin, à son réveil, Armin découvre un monde vidé de son humanité. La vie reprend pour lui sur de nouvelles bases.

Que se passerait-il si le monde était brutalement vidé de sa population ? Que ferions-nous si nous étions les derniers hommes ? Comment survivrions-nous face aux éléments ? Céderions-nous au désespoir ? Chercherions nous désespérément d’autres survivants ?

Le sujet a irrigué la littérature autant que le cinéma. Dans ses sources d’inspiration, le réalisateur Ulrich Köhler cite le vieux roman de Marlen Haushofer Le Mur invisible, publié en 1963 et traduit en 1985 seulement par Actes Sud – qui n’était alors qu’une petite maison d’édition arlésienne. Mais récemment, on a vu sur les écrans et dans les librairies se multiplier des œuvres construites autour de cette hypothèse.

Je ne parle pas de films de genre façon Sans un bruit, 28 jours plus tard, World War Z ou Je suis une légende où une humanité réduite à néant doit combattre des créatures menaçantes. J’évoque ici des œuvres minimalistes où l’apocalypse n’est que le prétexte à une réflexion métaphysique sur la condition humaine. Le prix Pulitzer a consacré la meilleur d’entre elle : La Route de Cormac MacCarthy – remarquablement adapté à l’écran par John Hillcoat en 2009 avec Viggo Mortensen dans le rôle principal. Mais il y en a d’autres sans remonter aux ouvrages fondateurs de Barjavel (Ravage, Malevil…) : le film La nuit a dévoré le monde sorti l’an passé dont l’action se déroule dans un Paris aussi désert que familier, Le Dernier Combat, le premier film de Luc Besson, les récents romans de la française Céline Minard (Le Grand Jeu) ou de la canadienne Emily St John Mandel (Station Eleven). Ajoutons à cette énumération déjà trop longue un film inédit dans les salles françaises alors qu’il a pour tête d’affiche les très bankables Margot Robbie Chris Pine et Chiwetel Ejiofor : Z for Zachariah (2015)

In my room – dont le titre inspiré d’une chanson des Beach Boys n’annonce pourtant rien de tel – s’inscrit dans cette longue généalogie. Il prend le parti d’être construit en deux parties nettement distinctes. La première se déroule l’hiver sous une petite pluie fine dans une Allemagne nuageuse. Le héros bedonnant y mène une vie déprimante. La seconde, sans solution de continuité, se déroule sous un soleil radieux, en pleine nature avec un héros méconnaissable qui a pris du poil et des muscles, comme si l’apocalypse loin de le détruire l’avait sauvé.

Le sujet est un défi lancé au scénariste : comment filmer la solitude post-apocalyptique ? Si l’on veut se concentrer sur l’essentiel et éviter d’encombrer son histoire de rebondissements anecdotiques, on risque, en filmant les faits et gestes quotidiens d’un homme solitaire, de faire du surplace. C’était d’ailleurs le travers de l’adaptation cinématographique en 2012 du Mur invisible évoqué plus haut.

On ne pourra rien dire de ce qu’il advient de notre héros, ni des rencontres qu’il fera – ou pas. On indiquera simplement que le rebondissement autour duquel se construit le dernier tiers du film était largement prévisible : il suffit de lire l’affiche pour le deviner. Le parti qu’en prend le scénario et la façon dont le film se termine sont en revanche assez surprenants.

La bande-annonce

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