Blandine (Olivia Côte) et Magalie (Laure Calamy) furent les meilleures amies du monde au collège avant de se fâcher et de se perdre de vue. Trente ans plus tard, alors que Blandine peine à se remettre d’un divorce douloureux, son fils provoque leurs retrouvailles et les réunit le temps d’une semaine de vacances dans les Cyclades où elles rêvaient d’aller ensemble, sur les traces des héros du Grand Bleu.
Marc Fitoussi est un honnête faiseur qui, depuis une quinzaine d’années, s’est fait une place modeste dans le cinéma français en en faisant tourner les actrices les plus connues dans des films aimables : Isabelle Huppert (Copacabana), Sandrine Kiberlain (Pauline détective), Emilie Dequenne (Maman a tort), Karin Viard (Les Apparences)…
Les Cyclades creuse paresseusement un sillon bien connu : la réunion improbable de deux personnages que tout oppose et qui, malgré leurs différences, finiront par s’apprécier. Depuis La Grande Vadrouille (Bourvil / De Funès), L’Emmerdeur (Ventura/Brel), La Chèvre (Depardieu/Richard) ou Les Ripoux (Noiret/Lhermitte), le genre a été exploité jusqu’à la trame.
Ici, à l’ère du paritarisme et du féminisme (on ne dégainera pas pour une fois le test de Bechdel), le genre est féminisé. Les deux héros sont des héroïnes. D’un côté Olivia Côte, quarantenaire corsetée dans ses inhibitions, noyée dans sa dépression ; de l’autre Laure Calamy éternelle ado, épicurienne revendiquée, décidée à opposer joie et bonne humeur à tous les aléas de la vie.
Bien entendu la meilleure actrice de l’année (le César lui a échappé hier soir pour À plein temps pour l’unique raison qu’elle l’avait déjà obtenu deux ans plus tôt pour Antoinette dans les Cévennes) est enthousiasmante avec sa coiffure eighties et ses tenues disco – et le nu frontal qu’elle ose fièrement à l’aube de la cinquantaine.
Mais le problème est que, mal dirigée, en roue libre, elle pousse son rôle jusqu’à la caricature. Une caricature d’autant plus irritante qu’elle est plus prévisible. Et c’est bien là que le bât blesse : comme on l’avait redouté en voyant la bande-annonce, les scènes s’enchaînent mécaniquement sans nous réserver aucune surprise sur la caractérisation des personnages (Blandine coincée et Magalie délurée) et leur évolution.
Ce ne sont pas hélas les paysages de carte postale de Santorin et de Mykonos, ni l’apparition à mi-chemin de Kristin Scott Thomas en hippie philosophe qui sauvent cette comédie pas drôle du naufrage redouté.
Dur ! J’ai au contraire été agréablement surpris par le ton, le rythme, les dialogues, et bien sûr Laure C. qui se surpasse.