Après avoir une nouvelle fois réussi à déjouer la vigilance de ses gardiens, Eugène-François Vidocq (Vincent Cassel) s’est échappé du bagne de Toulon. Il est l’évadé le plus célèbre de la France de Napoléon. Mais la clandestinité lui est devenue insupportable. Arrêté pour un crime qu’il n’a pas commis, il propose au chef de la sûreté (Patrick Chesnais) un marché : il accepte de mettre sa connaissance du crime au service de la police en échange de sa lettre de grâce.
Précédé d’une campagne publicitaire envahissante, L’Empereur de Paris envahira les écrans de Noël et a l’ambition d’y être un blockbuster familial. Les frères Altmayer et Gaumont n’ont pas lésiné sur les moyens, consacrant à la superproduction un budget de 22 millions d’euros et convoquant autour de Vincent Cassel une pléiade de stars, confirmées ou riches d’avenir. On reconnaît ainsi Fabrice Luchini dans le rôle de Fouché, la splendide Olga Kurylenko dans celui d’une fausse baronne et la prometteuse Freya Mavor dans celui d’Annette, la fiancée de Vidocq.
Le résultat déçoit. Sans doute l’argent investi se voit-il dans quelques reconstitutions splendides du Paris du Consulat : ainsi de l’Arc de Triomphe en cours de construction ou de la Cour du Louvre que venait clore vers l’Ouest le palais des Tuileries incendié sous la Commune (seule erreur dans ce plan splendide : la lumière du soleil y vient du… Nord !). Mais le scénario manque cruellement de chien, réduisant L’Empereur de Paris à une (longue) succession de combats plus ou moins répétitifs, à coups de poings, de sabres ou de pistolets.
Jean-François Richet, qu’on avait connu plus iconoclaste dans ses précédents films, louche ostensiblement vers Alexandre Dumas ou Eugène Sue dans la peinture feuilletonesque d’un Paris sale et violent, gangrené par le crime, peuplé de personnages pleins de gouaille et de vie. Mais cette galerie de trognes irrésistibles – au premier rang desquelles Denis Lavant qui, comme toujours, en fait trop – ne suffit pas à faire un film. Il y faudrait une histoire. Or celle de Vidocq ne nous réserve aucune surprise. La raison de ce manque de subtilité est peut-être dans le choix du public visé, entre douze et seize ans. Pas sûr qu’il accroche à ce produit trop lisse, trop sage, trop formaté pour emporter l’enthousiasme.