Nos années folles ★★☆☆

Paul (Pierre Deladonchamps) est marié à Louise (Céline Salette). Il est mobilisé lorsque la Première guerre mondiale éclate. Blessé, traumatisé, il ne veut plus retourner au front. Louise le cache dans la cave de son appartement. Mais Paul ne supporte pas la réclusion. S’il sort, il risque d’être reconnu, arrêté, passé par les armes pour avoir déserté. Louise a alors l’idée de le travestir. Paul devient Suzanne

André Téchiné nous surprend encore. Sa filmographie est impressionnante. Tous les plus grands acteurs français ont tourné avec lui : Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Jeanne Moreau, Juliette Binoche, Patrick Dewaere, Emmanuelle Béart, Daniel Auteuil…Exception dans son œuvre, Nos années folles est  inspiré de faits réels. L’histoire de Paul Grappe a été exhumée par les historiens Fabrice Virgili et Danièle Voldman. Elle avait déjà inspiré la bande dessinée de Chloé Cruchaudet Mauvais genre publiée en 2013

Pourtant, Nos années folles n’est pas un film historique. C’est d’ailleurs même par sa maladresse à reconstituer une époque qu’il pêche faute de moyens. Dommage pour un film dont le titre à double sens laissait augurer plus de flonflons et de cotillons. Autre maladresse : sa façon de filmer le temps qui passe. L’action se déroule de 1914 à 1928 : Paul, qui se travestit pour éviter la prison, n’est plus dans l’obligation de le faire après l’amnistie des déserteurs mais continue portant dans cette voie. Or, on ne voit pas l’effet du temps qui passe – dont il est, c’est vrai, toujours délicat de rendre compte au cinéma ou dans la littérature. Paul et Louise ne changent pas. Ni au physique – ce qui, à la limite, est secondaire. Ni au moral – ce qui est plus grave car, précisément, le film repose sur les chemins différents qu’ils empruntent jusqu’au drame final.

Céline Salette est particulièrement convaincante dans le rôle de Louise. Cette actrice, qui se fait lentement et sûrement un nom, incarne l’amour fou. Elle aime Paul en homme ; elle aimera Suzanne avec la même passion.

Le maillon faible de Nos années folles, c’est Paul/Suzanne précisément. Il est difficile de dire du mal de Pierre Deladonchamps au sourire si attendrissant. Le problème est qu’il est trop sympathique pour le rôle. André Téchiné le dépeint comme un brave bougre qui se travestit pour ne pas remonter au front et qui prend goût à ce travestissement. En réalité Paul Grappe fut un sale type qui vécut toute sa vie aux crochets de sa femme. S’il déserta, ce fut moins par pacifisme que par lâcheté . S’il se travestit, ce fut pour pouvoir évoluer dans un monde interlope. Mari violent et abusif, il n’hésita pas à prostituer sa femme. Le personnage n’avait rien d’aimable. Et les efforts de Téchiné pour le peindre sous un jour moins défavorable font long feu.

La bande-annonce

The Party ★★★☆

Jane (Kristin Scott Thomas) fête son entrée au gouvernement en recevant chez elle quelques intimes : April (Patricia Clarkson) son amie de toujours, avec son mari allemand (Bruno Ganz), Martha (Cherry Jones) la militante féministe et sa compagne Jinny (Emily Mortimer) qui attend des triplés, Tom (Cilian Murphy) qui est venue sans son épouse Marianne censée prendre la direction du cabinet de Jane. La soirée commence dans l’insouciance.

The Party est gâché par une mauvaise idée : ce titre ultra-référencé, emprunté à Peter Sellers et que rien ne fera oublier. Mais cette mauvaise idée est la seule d’un film qui frise la perfection.

Unité de temps, unité de lieu, unité d’action. The Party ressemble à du théâtre filmé mais n’en a pas les défauts. Pas d’interminables monologues. Pas d’écrasantes prestations d’acteurs. Pas d’histoires qui tournent en rond en attendant que l’amant sorte du placard.

The Party a une immense qualité : sa durée. Soixante huit minutes qui passent comme un éclair. À se demander pourquoi les films doivent tous respecter les sempiternelles quatre-vingt-dix minutes alors qu’ils gagneraient en rythme et en nerfs en s’en amputant de vingt.

En soixante-huit minutes, tout est dit. Les personnages sont introduits. La tension naît de l’anxiété de Tom, l’épatant Cilian Murphy, qui sue à grosses gouttes et cache un pistolet. Sur qui va-t-il tirer ? Sur Jane qui reçoit des SMS enflammés de son amant ? Sur son mari abruti par l’alcool ? Sur April l’insupportable amie dont les compliments sont autant de reproches ? Sur Martha qui a passé sa vie à défendre la cause des femmes ?

C’est Bill, le mari, qui le premier fait une révélation qui change du tout au tout l’ambiance de la soirée. Une deuxième bientôt lui fait suite qui transforme instantanément la victime en bourreau. Puis une troisième qui fait du procureur un accusé. Les masques se fissurent, reléguant au second plan la brillante réussite de Jane qu’on était censé fêter entre amis. Quand la sonnette retentit pour rompre le huis clos, on se souvient, sans y croire, de l’arrivée tardive d’un invité de la dernière heure. Le film se termine quand la porte s’ouvre.

La bande-annonce

Barbara ★☆☆☆

L’affiche l’annonce : Amalric filme Balibar interprétant Barbara. Chaque patronyme compte sept lettres. Sept lettres souvent identiques : des a, des r, des b.

On est loin du biopic en bonne et due forme qui raconterait l’ascension, la gloire et la mort d’une célébrité. Un biopic classique rythmé par quelques unes de ses plus belles chansons.

L’ambition de Mathieu Amalric est autrement plus grande. C’est un fan assumé qui filme, béat d’admiration, une actrice qu’il vénère – qui fut sa compagne et la mère de ses enfants – interprétant une chanteuse qu’il adule. Amalric n’hésite pas à jouer son propre rôle, donnant à son personnage le patronyme de sa mère et le prénom d’un de ses cousins.

Barbara est donc un film sur un film en train de se faire. Mise en abyme brechtienne qui séduit d’abord avant de lasser. Sans doute faut-il saluer cette intelligente tentative de sortir des sentiers battus du biopic platement chronologique. Le problème est que Barbara tourne en rond, additionne les saynètes et ne mène nulle part.
Jeanne Balibar est – évidemment – époustouflante. Sa ressemblance avec Barbara est stupéfiante : le physique anguleux, mais aussi les intonations et la gestuelle maniérée. Amalric en joue en mêlant des documents d’archive de la vraie Barbara à des scènes filmées avec Balibar. Mais, à y bien réfléchir, on peut s’interroger sur les limites de ce psittacisme. Pourquoi faire un film avec Balibar s’il s’agit de ressusciter la « vérité » de Barbara ? Pourquoi ne pas avoir réalisé un documentaire ?

L’autre défaut est de caricaturer Barbara en diva excentrique. Elle l’était d’ailleurs peut-être largement. Toujours est-il que sa diction outrée et ses états d’âme deviennent vite horripilants. Plus grave : à force d’insister sur l’a-normalité de Barbara, le film de Mathieu Amalric finit par la dé-réaliser. Et la femme Barbara, trop excessive, trop vouvoyante, trop fétichiste, trop stressée, trop tout, ne nous touche plus.

Restent son talent fou, sa voix ensorcelante et ses chansons merveilleuses. Un génie intemporel qui puise son inspiration dans les années 50 mais qui n’a pas pris une ride. On sort de la salle en fredonnant Nantes, Göttingen, L’Aigle noir ou Ma plus belle histoire d’amour et avec l’irrépressible envie de réécouter la discographie de cette immense chanteuse.

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Ce qui nous lie ★★☆☆

Le film commence avec le retour de Jean au bercail, dans la ferme vinicole qu’il a quittée cinq ans plus tôt pour aller faire le tour du monde, laissant sa sœur Juliette et son frère Jérémie avec ses parents.

Jean est revenu car son père se meurt. Les héritiers doivent se partager l’héritage. Vendra ? Vendra pas ?

Le défaut de Ce qui nous lie est qu’on sait dès les premières images comment le film finira. Bien évidemment, Jean, Juliette et Jérémie vont s’engueuler. Mais bien évidemment ils se réconcilieront et trouveront une solution qui saura ménager les intérêts de chacun : Jean et ses désirs d’exotisme, Juliette et son génie hérité de son père pour le vin, Jérémie et sa belle-famille compliquée.

Autre défaut, le tire-larmisme revendiqué de la moindre scène. Mais un tire-larmisme auquel, malgré qu’on en ait, on se laisse prendre, mouillant volontiers un coin de mouchoir lorsque Jean retrouve le fils qu’il a eu à l’autre bout du monde avec une jolie Australienne ou lorsque Juliette se laisse embras(s)er par un joli vendangeur.

Car Cédric Klapisch sait y faire. Il n’a pas signé quelques uns des meilleurs films français de ces trente dernières années pour rien : Le Péril jeune, Un air de famille, L’Auberge espagnole… Il sait donner vie à ses personnages, occuper un décor, filmer les groupes. Il n’est jamais meilleur que dans des scènes purement gratuites d’humour burlesque : ici celles où les héros gentiment alcoolisés laissent s’exprimer leurs refoulements.

Même si on trouvera convenue l’histoire de ce retour au bercail d’un fils prodigue, on se laissera prendre au jeu de sa bien-pensance si reposante (si si ! c’est une critique positive !)

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Avant la fin de l’été ★☆☆☆

Arash, Hossein et Ashkan sont Iraniens. Ils vivent en France. Alors qu’Arash a décidé de rentrer au pays, ses deux amis réussissent à le convaincre de partir une dernière fois en vacances dans le sud de la France. Ils espèrent le faire revenir sur son projet.

Avant la fin de l’été est un film profondément sympathique. Par sa réalisatrice au patronyme imprononçable, moitié-belge, moitié-suisse, moitié iranienne (subtil clin d’œil à Marcel Pagnol) qui l’a filmé avec deux bouts de ficelle. Par ses acteurs amateurs et improbables au premier rang desquels Arash et son débonnaire quintal. Par son sujet enfin : le mal-être d’étudiants étrangers qui, après plusieurs années passées en France ne se sentent plus tout à fait iranien mais pas vraiment français.

Le problème de Avant la fin de l’été est que, une fois planté ce décor sympathique, il fait du surplace. C’est ennuyeux pour un road movie. Sans doute nos joyeux drilles se déplacent-ils : ils assistent aux cérémonies du 15-août à Noirétable (Loire), ils musardent dans les Corbières, ils se baignent dans l’étang de Thau. Mais l’action, elle, n’avance pas. L’arrivée de deux filles rencontrées dans un restoroute (sic) n’y fera rien. On finit par s’ennuyer. Le comble pour un film de quatre vingts minutes qu’on aurait pourtant tant aimé aimer.

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Été 93 ★☆☆☆

Frida a six ans. Elle a perdu sa mère d’une maladie dont, en 1993, on n’ose toujours pas prononcé le nom. Son père aussi est mort. Elle quitte l’appartement familial de Barcelone pour la campagne catalane où son oncle, Esteve, sa tante, Marga, et sa cousine, Anna, la prennent sous leur garde. L’été commence.

Vous avez aimé Jeux Interdits ? Crias Cuervos ? Vous adorerez Été 93. Le sujet en est le même : un orphelin confronté à la mort de ses parents. Le traitement en est le même : un lent travail de deuil filmé à travers les yeux de l’enfant qui l’accomplit. Le problème est que Été 93 arrive après ces deux immenses chefs d’œuvre – et n’a pas une bande originale aussi mythique.

Sans doute, Carla Simón réussit-elle à éviter toute mièvrerie. Son héroïne ne cabotine pas comme le font si souvent les acteurs mal dirigés de cet âge. Frida est une enfant de six ans, avec ses incohérences, son chagrin rentré et la méchanceté qu’elle laisse parfois échapper, à l’égard de ses nouveaux parents d’adoption et de leur petite fille.

Les défauts du film découlent de son parti pris qui trouve vite ces limites. L’histoire de Frida est filmée à travers ses yeux. Mais il y a une différence entre ce qu’elle voit ou entend – et que le spectateur voit et entend avec elle – et ce qu’une enfant de six ans en comprend. Pour le dire autrement : le film donne à voir la réalité confuse qu’une enfant perçoit mais ne nous met pas à égalité avec elle dans ses difficultés à l’analyser.

Autre défaut : un scénario qui ne cède pas à la facilité de ponctuer cette chronique d’un été sans histoires de tout événement mais qui du coup s’enferme lentement dans un émollient ennui. On me rétorquera que la scène finale est bouleversante. Sans doute ferait-elle pleurer les pierres. Mais, tout bien considéré, elle est trop prévisible pour être pleinement convaincante.

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La Vie de château ★☆☆☆

Dans le dixième arrondissement de Paris, Charles – comme le prince – dirige un groupe de rabatteurs qui oriente le chaland vers les salons de coiffure qui lui reversent une commission. Il est en bisbille avec Bébé, un autre caïd qui exerce la même activité que lui. Il aimerait racheter la boutique d’un vieux barbier kurde. Et il n’est pas insensible au charme de Sonia, la fiancée de son ami Dan que celui-ci, inquiet de sa fidélité, lui a demandé d’espionner.

On est en plein milieu de la capitale. Et pourtant on est follement dépaysés dans le quartier de Château d’eau, où les salons afros pullulent où les clientes viennent se faire tisser les tresses et blanchir la peau. Le titre subvertit une expression consacrée – et reprend celui d’un film de Jean-Paul Rappeneau, l’un des réalisateurs les plus gaulois du cinéma français.

La Vie de château inspirait a priori la sympathie. Il n’aurait pas fallu grand-chose pour qu’il se laisse aimer. Mais il ne parvient pas à ce seuil minimum. La faute à un scénario mal maîtrisé qui se perd dans une histoire vite incompréhensible et dont on se désintéresse au bout de quelques minutes. La faute à une direction d’acteurs en roue libre que sauve l’honnête prestation de Jacky Ido. Dommage.

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Gabriel et la montagne ★★☆☆

Gabriel Buchmann est mort en juillet 2009 sur les pentes du mont Mulanje au Malawi. Ce brillant étudiant brésilien en sciences politiques était sur le point de boucler un tour du monde. Nous revivons avec lui ses deux derniers mois au Kenya, en Tanzanie et en Zambie où son amie, Cristina, le rejoint quelque temps.

Gabriel et la montagne est un film déconcertant à plus d’un titre.

Un film qui ressemble beaucoup à un documentaire. Car son réalisateur Fellipe Barbosa a voulu scrupuleusement reconstitué les derniers jours de son ami d’enfance Gabriel. Il a retrouvé ceux qui avaient croisé sa route et leur a demandé de rejouer leur propre rôle. Il a entrepris un long voyage, des pentes du Kilimandjaro à celles du mont Mulanje, en passant par les plaines du Serengeti, les plages de Zanzibar et les chutes Victoria. Quiconque a gravi Uhuru Peak ou sauté à l’élastique à la frontière zambio-zimbabwéenne ne pourra regarder ces images de carte postale sans nostalgie.

Dès la première scène, on découvre le cadavre de Gabriel. Le film ne repose donc sur aucun suspens. On sait dès le départ comment son périple s’achèvera. Et si l’on revisite ses dernières semaines, c’est en y cherchant un signe avant-coureur du drame : défaillance physique ? pulsion suicidaire ? ou pure inconscience ?

Mais le plus étonnant est dans le portrait qui est fait de Gabriel. Si l’on se fiait à ce que j’en viens d’en dire, on aurait volontiers imaginé que Fellipe Barbosa érigerait un mausolée à la mémoire de son ami défunt, qu’il l’aurait peint sous les trains d’un jeune homme idéaliste, altruiste, débordant d’une communicative énergie. C’est sans doute le cas au début du film. Mais lentement, par petites touches, le portrait se fissure. Il se fissure notamment au contact de Cristina, la fiancée de Gabriel, qui lui renvoie l’image de son immaturité, de sa mesquinerie, de sa petitesse. Quand Gabriel met un costume massai, elle se moque de son accoutrement ridicule. Quand il se targue de voyager comme un autochtone, elle raille son avarice. Quand il se plaint d’être traité comme un touriste, elle lui rappelle qu’il en est un.

À la fin du film on ne sait plus trop que penser de Gabriel : est-il un sympathique jeune homme débordant de dynamisme ou un petit con immature ? Plus troublant encore, on ne sait plus trop que penser des intentions de son ami-réalisateur : est-il à ce point aveugle qu’il n’ait pas perçu que son portrait, loin de valoriser son ami, renvoie de lui une image aussi négative ?

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Le Prix du succès ★★☆☆

Brahim (Tahar Rahim) est un humoriste au succès grandissant. Son grand frère Mourad (Roschdy Zem) l’a accompagné dans toute sa carrière. Mais sa proximité devient envahissante. Brahim qui vient de rencontrer Linda (Maïwenn) ne sait pas comment expliquer à Mourad le nouveau tour des choses.

Le Prix du succès fait d’une pierre trois coups.

La première est celle que l’affiche a voulu – lourdement – souligner. Un trio. Un homme rit en compagnie de la femme qu’il aime. Il tourne le dos à son frère qui regarde dans sa direction sans partager l’intimité de ce couple dont il est désormais exclu.

La deuxième est celle que le titre entend porter : le succès professionnel oblige à des choix douloureux et se fait parfois au détriment du cercle familial. Pour prendre son envol, Tahir doit abandonner ce frère, parfois violent, souvent incontrôlable, pour choisir un autre impresario.

La troisième n’est pas la moins intéressante même si elle est moins visible. Tahir est d’origine modeste, fils d’immigrés maghrébins. Sa soudaine aisance financière lui permet d’offrir à ses parents et à toute sa famille une vie dont ils n’auraient jamais pu rêver. Il fait désormais à son corps défendant partie de la « beurgeoisie ».

Le Prix du succès a une immense qualité : ses acteurs. Roschdy Zem est, comme d’habitude excellent. Il compte, je crois, parmi mes acteurs préférés. Voilà plus de vingt ans que je le suis (il a tourné dans près de quatre vingt films) et qu’il ne m’a jamais déçu. J’adore sa façon de marcher avec les pieds en canard. Le personnage qu’il interprète à la perfection a le seul défaut d’être trop frustre pour cet acteur si subtil. Tahar Rahim est tout aussi bon. La révélation de Un prophète confirme l’immense espoir qu’il avait suscité en décrochant en 2010 à moins de trente ans le César du meilleur acteur – que Roschdy Zem n’a jamais reçu. Maïwenn – que j’aime moins – joue à contre-emploi le rôle d’une femme amoureuse et douce.

Le Prix du succès a néanmoins un défaut : son scénario faiblard. On aurait pu mieux utiliser les ressorts dramatiques de cette intrigue. Le film – qui se regarde sans s’ennuyer – manque de rythme. À vingt minutes de la fin, il marque une pause avant sa conclusion. On se demande dans quel sens il s’achèvera. On est vaguement déçu par son épilogue convenu.

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Que Dios Nos Perdone ★★☆☆

Madrid. Été 2011. Tandis que la capitale espagnole se prépare à accueillir le pape Benoît XVI et que la contestation des Indignados enfle, les meurtres s’accumulent. Les victimes : des femmes âgées d’abord violées puis cruellement assassinées. Les inspecteurs Velarde et Alfaro suspectent un criminel en série.

Le cinéma espagnol nous réserve décidément d’excellentes surprises. Un genre est en train d’émerger : le polar ibérique avec des pépites telles que La Isla Minima ou La Colère d’un homme patient. Des films nerveux, violents, complexes.

Que Dios nos perdone est d’une facture plus classique. Il s’agit d’une enquête policière menée par un duo de flics aussi dissemblable qu’attachant. Velarde est bègue et génial  : c’est lui qui fait le lien entre les crimes commis dans la capitale et qui dresse le portrait robot du tueur. Alfara est une montagne de testostérone qui explose à la moindre occasion ; mais sa violence débridée, contre les autres ou contre lui-même, n’a d’égale que sa fidélité à son partenaire.

Le résumé du film annonçait l’utilisation d’un arrière-plan politique. Cette dimension-là est sous-exploitée. Mais l’enquête est suffisamment haletante – et sa conclusion glaçante – pour qu’on la suive sans avoir besoin d’y ajouter autre chose.

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