Après la guerre ★☆☆☆

Marco est un militant d’extrême-gauche italien, réfugié en France dans les années quatre-vingts. La « doctrine Mitterrand » l’y protège d’une extradition vers l’Italie. Mais cet usage vacille quand un nouvel assassinat est commis à Bologne en 2002, par un groupuscule qui se réclame de sa mémoire.
Marco quitte immédiatement Paris et se réfugie avec sa fille, Viola, seize ans, dans une maison landaise perdue au fond des bois, en attendant de passer au Nicaragua.
Pendant ce temps, en Italie, sa mère et sa sœur, avec lesquelles il a rompu tout lien, voient resurgir les fantômes du passé.

Après la guerre est inspiré de l’affaire Battisti. On se souvient que cet Italien, condamné par contumace à la prison à perpétuité, réfugié en France à partir de 1990, avait été arrêté en février 2004 et menacé d’extradition vers la France (sa requête devant le Conseil d’État tendant à l’annulation du décret le concernant puis sa plainte devant la CEDH ont été respectivement rejetées en 2005 et en 2007). Battisti s’est soustrait à son contrôle judiciaire en août 2004 et s’est enfui au Brésil où le statut de réfugié politique lui  a été accordé et où il vit depuis lors.

Après la guerre s’éloigne considérablement des faits réels. Il se concentre sur les premiers jours de la cavale de Battisti. Il en modifie radicalement l’issue – dont nous ne dirons rien. Il choisit de la reconstituer moins du point de vue de son principal protagoniste que de ceux de ses proches : sa fille, sa sœur et sa mère.

Ce choix de scénario est discutable. Outre qu’il écartèle le film en deux parties nettement distinctes, l’une en Italie, l’autre dans les Landes, que rien ne rapproche, il présente l’inconvénient de raconter des histoires de famille comme on en a déjà filmé tant et plus. La jeune Charlotte Cétaire a beau être excellente, sa prestation ne suffit pas à faire échapper son rôle des sentiers trop sages de la rébellion adolescente.

Il aurait été plus intéressant de se focaliser sur le prisonnier en cavale. Après la guerre le fait, dans une scène trop brève où il est confronté aux questions d’une journaliste jouée par la toujours juste Marilyne Canto. Elle lui demande s’il regrette le crime qu’il a commis vingt ans plus tôt, s’il a de la compassion pour l’enfant de huit ans qu’il a laissé orphelin. Marco biaise, ne répond pas. C’est cet évitement qu’il aurait fallu disséquer, souligner, critiquer. C’était là le vrai sujet du film qu’hélas Après la guerre a loupé.

La bande-annonce

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *