Et mon cœur transparent ★☆☆☆

Lancelot Rubinstein (Julien Boisselier) vient de perdre sa femme. Sa voiture a fait une sortie de route et est allée se noyer dans un lac de retenue. Il avait rencontré Irina (Caterina Murino) quelques années plus tôt et avait tout quitté pour vivre avec elle dans une maison isolée au bord de la Méditerranée. Mais, au fur et à mesure que l’enquête policière tente d’éclaircir les circonstances de sa mort, Lancelot va découvrir des pans cachés de la vie d’Irina.

Et mon cœur transparent est un morceau d’un vers célèbre de Verlaine. C’est aussi le titre du roman de Véronique Ovaldé sorti en 2008 qui lui valut la reconnaissance du public et de la critique. C’est une histoire telle que l’affectionnait le film noir des années 40 ou 50, à la frontière du polar et du drame, façon Assurance sur la mort, Le Faucon maltais ou Laura : une femme fatale, un héros aveuglé par l’amour, une intrigue à tiroirs.

De telles références sont écrasantes. Et, évidemment, le film des frères Vital-Durand ne se hisse pas à ce niveau. Mais ils ne sont pas à blâmer. Leur film montre caricaturalement combien les intrigues des années 40 sont devenues infilmables aujourd’hui. La faute d’abord à la lumière. Le film noir avait son identité visuelle, ses noirs et blancs très contrastés, ses éclairages expressionnistes… Et mon cœur transparent a le défaut d’être en couleur et de baigner dans la lumière solaire de la Corse – et dans ses sublimes paysages.

La faute ensuite au registre ironique sinon absurde qu’emprunte volontiers Et mon cœur transparent qui ne réussit pas à rester dans les codes du film noir. Il ne se prend jamais vraiment au sérieux et ressent le besoin de s’évader, de s’aérer, par exemple avec Sara Giraudeau, parfaite dans le rôle d’une cruche écervelée avec socquettes et col Claudine.

Et mon cœur transparent a un dernier défaut plus rédhibitoire encore. C’est son interprète principal, Julien Boisselier, que j’adore depuis que je l’avais découvert aux côtés de Julie Gayet au début des années 2000 dans Clara et moi. Cet acteur a un charme fou, une ironie subtile, une fragilité attendrissante … bref un jeu beaucoup trop moderne pour incarner le héros d’un film noir façon Humphrey Bogart ou Edward G. Robinson.

La bande-annonce

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