An Elephant Sitting Still ★☆☆☆

Un adolescent blesse gravement le caïd du lycée qui rackettait son camarade. Sa meilleure amie, qui vit seule avec une mère revêche, entretient une liaison adultère avec le directeur adjoint du même lycée. Son voisin, un militaire veuf et retraité, est expulsé de chez lui par ses enfants qui ne supportent plus la cohabitation. Le frère du caïd blessé poursuit notre héros pour se venger mais doit gérer les conséquences du suicide de son meilleur ami.

Noir c’est noir. Le cinéma chinois se plait à nous décrire un pays déprimant.

Le Rire de Madame Lin (2017) : des enfants ingrats se renvoient la responsabilité de veiller sur leur mère vieillissante. Have a Nice Day (2017) : dans des paysages urbains sans âme noyés sous la pluie et sur fond de corruption galopante, des personnages sans foi ni loi se disputent un magot. Les anges portent du blanc (2017) : l’enfance malheureuse des deux gamines victimes inconscientes de la pédophilie d’un apparatchik sans scrupule. Fantasia (2014) : une famille est confrontée à la maladie du père leucémique.

An Elephant Sitting Still s’inscrit dans cette longue généalogie. Deux éléments l’en distinguent. Le premier est le sort de son réalisateur qui, à vingt-neuf ans seulement, s’est suicidé durant la post-production donnant à son film une écrasante solennité posthume. Le second est sa durée : près de quatre heures à l’aune desquelles les documentaires les plus longs de Wang Bing (À la folie sur la déréliction du système de santé ou Argent amer sur la déshumanisation des usines textiles) font figure de court métrage.

An Elephant Sitting Still a la main lourde qui ne laisse guère de lueurs d’espoirs dans la vie si triste de ses protagonistes. Durant l’unique journée où se déroule son action polyphonique, ils sont victimes de toutes les avanies qu’un esprit suicidaire peut concevoir. Si le film avait duré quatre-vingt dix minutes, on l’aurait adoré. Mais, passées les deux-cent trente minutes, abruti par l’ennui que des plans séquences étirés jusqu’à plus soif distillent, écrasé par les drames successifs qui s’abattent sans discontinuer sur les personnages, la meilleure volonté du monde et le respect dû aux jeunes génies suicidés capitulent.

La bande-annonce

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