L’Oubli que nous serons ★☆☆☆

Héctor Abad Gómez (1921-1987) fut professeur de médecine à l’Université d’Antioquia à Medellín. Il y fonda l’École nationale de santé publique et y œuvra, sa vie durant, pour l’amélioration de la qualité de vie des plus pauvres et la défense de leur santé. Ses prises de position progressistes lui valurent l’hostilité des autorités et l’obligèrent plusieurs fois à s’exiler. Retraité de la Faculté de médecine, il s’engagea à la fin de sa vie en politique et brigua la mairie de Medellín.
Héctor Abad eut six enfants : cinq filles puis un dernier fils qui, en 2006, raconta son enfance dans une autobiographie. C’est ce best-seller que le célèbre réalisateur colombien Fernando Trueba a porté à l’écran en 2020.

L’Oubli que nous serons – un titre curieux emprunté à un vers de Borges dont le sens s’éclairera à la dernière scène du film – raconte la vie d’une famille colombienne de la bourgeoisie aisée dans les 70ies. La référence qui vient immédiatement à l’esprit est Roma, le film autobiographique multi-primé d’Alfonso Cuarón. Le film en couleurs de Fernando Trueba en serait en quelque sorte le pendant ensoleillé, sans divorce traumatisant, ni grossesse ancillaire.

Mais c’est précisément avec ce trop-plein de bienveillance que le bât blesse. Le film – j’ignore si le livre encourt le même reproche – vire à l’hagiographie. À force de vouloir ériger la statue de « [s]on père, ce héros au sourire si doux », le fils de Héctor Abad – lui même prénommé Hector ce qui laisse augurer le pesant complexe d’Œdipe dont il eut à se défaire – en fait trop. Le film de plus de deux heures aurait pu s’épargner quelques longueurs et quelques scènes embarrassantes, telles que celle où le héros surprend les premières caresses solitaires de son fils et y réagit avec humour et intelligence.

Que Héctor Abad fut un grand homme et un père admirable, nul ne se permettrait de le contester, et moi pas plus que quiconque. Que la nostalgie et l’admiration que son souvenir inspire fassent ipso facto un bon film reste pour autant à démontrer.

La bande-annonce

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