Vous ne désirez que moi ☆☆☆☆

En novembre 1982, la journaliste Michèle Manceaux (Emmanuelle Devos) vient à Neauphle-le-Château, chez Marguerite Duras, pour y interviewer à sa demande Yann Andréa (Swann Arlaud) qui partage depuis deux ans la vie de l’écrivaine.

Je lis partout des critiques élogieuses du film de Claire Simon sorti déjà depuis près de deux semaines. On encense l’interprétation de Swann Arlaud et on bien raison de le faire tant elle est subtile, réussissant, sans jamais plagier le vrai Yann Andréa, à en faire vivre les failles. On encense aussi celle d’Emmanuelle Devos, ce qui me laisse plus dubitatif : je n’ai pas trouvé que ses interventions, hésitant entre « Là-dessus, tu dois en dire plus » et « Pardon, je te coupe encore la parole », apportent grand’chose aux échanges.

Mais, au-delà du jeu des acteurs, c’est le regard porté sur le couple hors normes formé par Marguerite Duras (qu’on ne verra jamais sinon à travers quelques images d’archives) et Yann Andréa qui m’a gêné. Sans doute ce couple interroge-t-il : qu’y avait-il entre cette écrivaine au sommet de sa gloire et ce jeune homosexuel un peu (beaucoup) paumé de trente-huit ans son cadet ? De l’amour ? de l’attirance ? du sexe ? Les trois à la fois… et quelques chose d’autre ?

En donnant la parole au seul Yann Andréa, le film se condamne à n’examiner qu’un versant de l’histoire. Et ce versant n’est pas agréable à voir. L’amant souffre. Il souffre au point de confesser une tentative de suicide. Suscite-t-il pour autant l’empathie ? Guère. Car, aussi subtilement interprété soit-il par l’excellent Swann Arlaud, Yann Andréa donne l’impression d’être une grande chiffe molle, totalement envoûtée et dominée, ayant renoncé à toute autonomie. Même si ce reproche jamais n’effleure, les esprits mal tournés – dont je suis – pourraient le suspecter de parasitisme.
Quant à Marguerite Duras – dont la prose faussement simple et horriblement prétentieuse me donne des boutons (Cf Suzanna Andler) – elle ne ressort pas grandie de cette histoire, sorcière maléfique, mante religieuse qui étouffe son amant après l’avoir vidé de son suc.

La bande-annonce

4 commentaires sur “Vous ne désirez que moi ☆☆☆☆

  1. Quelque chose m’échappe. Si cet homme tente de se suicider c’est qu’il souffre, donc qu’il est sans doute autre chose qu’un parasite ou un profiteur. Et s’il est bien sous emprise comment lui reprocher d’être une « chiffe molle » ?

  2. Effectivement, je suis assez d’accord avec vous : on n’a qu’un seul point de vue et Duras n’en sort pas grandie. Totalement d’accord sur l’interprétation des deux protagonistes, et le personnage de Devos ne présente aucun intérêt (son jeu est fade, mais son personnage inexistant, comment lui en vouloir ?).
    Au-delà de tout ça, c’est vraiment un film qui s’adresse aux Durassiens (qui seront sûrement un peu irrités), tant le film peine à s’extraire de ce cadre très étroit…

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