Frank (Arieh Worthalter) et Maroussia (Nadège Trebal) tirent le diable par la queue dans un appartement acheté en viager à une vieille dame qu’ils hébergent dans leur salon. Maroussia est assistante maternelle à domicile ; Frank trafique des pièces détachées à la casse jusqu’à ce que ses petites combines soient brutalement interrompues.
Frank doit quitter Maroussia pour aller gagner de l’argent. Il s’est fixé un objectif : 12.000 euros soit l’argent que gagne sa compagne en douze mois.
Film social ? Romance ? Comédie dansée ? Douze mille est un peu tout cela. C’est ce qui fait sa richesse ; mais ce qui, au final, scelle son échec.
Nadège Trebal, la réalisatrice, vient du documentaire. Ses deux précédents films, Bleu pétrole en 2012 et Casse en 2014 avaient été tournés à l’usine. Douze mille en porte la trace, dont l’essentiel de l’action se déroule dans le terminal portuaire où Frank est allé s’embaucher.
Mais il n’y a rien de triste dans l’odyssée prolétaire de Frank, loin de sa Pénélope. La réalisatrice a fait appel au chorégraphe Jean-Claude Gallotta pour mettre en mouvement les corps. Les chorégraphies sont très simples. Elles passeraient presque inaperçues. Elles introduisent un soupçon de féérie dans une histoire qui, sans elles, serait bien plate.
Douze mille est aussi une histoire d’amour lumineuse entre un homme et une femme. Nadège Trebal donne de sa personne en interprétant, sans fard, le personnage principal et en nous offrant une des scènes d’amour les plus authentiques qu’on ait vues depuis longtemps à l’écran.
Douze mille et 1917 sont sortis le même jour. Leurs titres se ressemblent. Mais la ressemblance s’arrête là. Et l’immense succès de l’un condamne l’autre à l’invisibilité.