Deux cambrioleurs en cavale (Artus, le réalisateur, et Clovis Cornillac) trouvent refuge dans un gîte rural qui accueille pour l’été une dizaine de handicapés placés sous la responsabilité de leur éducatrice (Alice Belaïdi, portrait craché de Bérénice Bejo)
Après Bienvenue chez les Ch’tis (vingt millions d’entrées en 2008), Intouchables (dix-neuf en 2011) et Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? (douze en 2014), Un p’tit truc en plus caracole vers les dix millions d’entrées. Rien ou presque ne permettait de pronostiquer un tel succès pour ce film au budget moyen (6 millions d’euros) sans star de premier plan.
Comment l’expliquer ? La réponse tient en un mot (ou en trois selon la façon de les compter) : feel-good-movie. Un p’tit truc en plus est un film-qui-fait-du-bien – comme l’étaient avant lui les trois précédents blockbusters français. Aucune réflexion. Aucune profondeur. Aucune originalité dans un scénario qui manque totalement de crédibilité. Mais une empathie folle. Un ton toujours juste. Des répliques et des situations qui font mouche.
Quelques belles âmes se sont étouffées devant un film accusé de se moquer des handicapés. Ainsi de Télérama, invoquant un « argument discutable », qui expédiait le film en dix lignes à sa sortie : « le personnage joué par Artus imite une personne trisomique avec des mimiques obscènes et franchement embarrassantes ». Ce procès est outrancier. Un p’tit truc en plus ne rit pas des handicapés ; il rit avec eux.
Que nous dit ce succès monstre au box office du cinéma et de son public ? Que le public français ne boude pas, bien au contraire, les productions hexagonales. Qu’il aime les feel-good-movies fédérateurs, sans sexe ni violence, à l’humour bon enfant, qui lui permettent de s’évader d’un quotidien souvent bien anxiogène. Que – si le box office était la seule aune à laquelle juger un art – le cinéma français se fourvoie dans des drames misérabilistes qui n’intéressent personne. Et enfin hélas, qu’il faut redouter de voir fleurir dans les années à venir des copier-coller de ce P’tit truc en plus, des Gros Trucs en moins qui, sans imagination, essaieront sans y arriver de reproduire ce succès inattendu.
Je ne l’ai pas vu mais votre critique est sobre et modérée. Un régal en ces temps…