What a Fantastic Machine! ★★☆☆

Axel Danielson et Maximilien Van Aertryck ont créé ensemble Plattform Produktion à Göteborg en Suède en 2013. Ils réfléchissent à l’impact des images sur notre société.

Leur documentaire, dont le titre est une interjection du roi Edouard VII, stupéfait de découvrir à l’écran la reconstitution de son couronnement filmée en 1902 par Georges Méliès, commence par un long rappel historique sur la naissance des daguerréotypes, de la photographie et du cinématographe. Il consacre notamment une séquence à Leni Riefenstahl dont on sait qu’elle mit son talent au service de la propagande hitlérienne : l’interview qu’elle donne au crépuscule de sa vie, dans laquelle elle souligne les qualités artistiques du Triomphe de la volonté (1935), sans dire un mot de l’idéologie que son film promouvait, donne froid dans le dos.

Sans guère de transition, What a Fantastic Machine! en vient à l’époque contemporaine caractérisée par  les progrès technologiques permettant à chaque individu de se mettre en scène et, en conséquence, par la multiplication exponentielle des images en circulation. Un chiffre donne le vertige : chaque minute, cinq cents heures de vidéos sont mises en ligne sur Youtube, posant notamment le défi de son impossible régulation. Dans cette masse d’images, le pire côtoie le meilleur. La démocratisation de l’image et de l’information pourrait être un fantastique instrument de diffusion du savoir. MacLuhan en avait eu très tôt l’intuition. Mais le risque est plus grand encore d’un abêtissement général et de la multiplication inquiétante de discours alternatifs, prônant des contre-vérités plus ou moins dangereuses.

What a Fantastic machine! voudrait nous sensibiliser au pouvoir des images. Il lance un appel à l’indispensable éducation à l’image dès le plus jeune âge. On aurait mauvaise grâce d’y trouver à redire. Mais le propos n’est pas très nouveau. Et le débat animé par l’un des deux co-réalisateurs avant-hier à l’Espace Saint-Michel, après la projection du documentaire, a enfoncé des portes ouvertes.

Si What a Fantastic Machine! vaut le détour, c’est moins par son thème, auquel on a déjà été sensibilisé, que par son contenu. Film de montage, il contient en effet des séquences incroyables. Certaines sont devenues iconiques pour des motifs d’ailleurs intéressants à décortiquer. Ainsi de cet expert en Corée du Sud dont l’intervention en visioconférence depuis son domicile est perturbée par l’irruption de sa fille.  Ainsi de ces photographes intrépides qui se filment depuis le sommet du Burj Khalifa à Dubai. Ainsi enfin de ce comptable, venu passer un entretien de recrutement au siège de la BBC, qui s’est retrouvé par erreur en direct à commenter l’actualité. Jetez un oeil à sa bande-annonce pour vous en convaincre !

La bande-annonce

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