Grand Tour ★☆☆☆

Un jeune employé de la Couronne britannique,  Edward Abbott, en poste en Birmanie en 1918, est pris de panique à l’annonce de l’arrivée à Rangoun de sa fiancée qu’il n’a pas vue depuis sept ans. Il fuit à Singapour, avant de gagner Bangkok, Saïgon, le Japon, les Philippines, puis Shanghai et Chongqing en amont du Yang Tse Kiang. Molly, sa fiancée, le suit à la trace et espère le rattraper.

Depuis la mort du vétéran Manoel de Oliveira (1908-2015), le cinéma portugais a trouvé dans les festivals internationaux un nouveau porte-drapeau en la personne de Miguel Gomes. Diplômé de l’École supérieure de théâtre et cinéma de Lisbonne, il signe en 2012 un film qui le fait connaître du grand public, Tabou, lointainement inspiré du chef d’oeuvre de Murnau, sur la colonisation portugaise et ses lointaines répliques. Son film suivant, Les Mille et une Nuits dure plus de six heures. Il est présenté en trois parties à Cannes en 2015. Je n’en ai vu que la première à sa sortie. Comme Le Journal de Tûoa en 2021, Grand Tour a également eu les honneurs de la Croisette où il a décroché en mai dernier le prix de la mise en scène.

Grand Tour est inspiré d’un roman de Somerset Maugham – qui, pourtant n’est pas crédité au générique. On y retrouve toute l’élégance de cet écrivain tombé dans l’oubli qui a su, comme EM Forster ou Graham Greene, décrire l’ambiance émolliente des colonies britanniques en Asie. L’action se déroule en 1918. Mais la mise en scène a pris un parti audacieux : alterner des images tournées en intérieur avec des acteurs en costumes d’époque et des images en couleurs tournées de nos jours en extérieur. Le cocktail pourrait être détonnant qui mélange ombrelles et téléphones portables. Mais on s’y fait très vite.

La caractéristique du cinéma de Miguel Gomes, on le savait depuis Tabou, est sa langueur. Pour certains critiques, au premier rang desquels ceux du Monde ou de Télérama, qui crient au génie, c’est un gage de qualité. Pour moi, hélas, qui suis bien moins intelligent qu’eux et surtout beaucoup plus narcoleptique,  l’âge aidant, c’est fréquemment une cause de somnolence.

Ca n’a pas manqué avec Grand Tour que j’ai eu le tort d’aller voir hier à l’heure de la sieste, dans une salle douillettement chauffée où j’étais pourtant l’un des plus jeunes spectateurs. Au bout d’une heure, bercé par la douce mélopée des voix off qui accompagnent, en birman, en chinois, en thaï ou en vietnamien, la longue errance d’Edward Abbott, je me suis profondément endormi. Cette longue ellipse me prive peut-être du droit de parler d’un film dont j’ai raté un bon tiers.

Quand je me suis réveillé, le scénario avait changé d’axe. Après avoir suivi Edward dans sa première moitié, il refait le même chemin cette fois-ci avec Molly qui manque de peu de rattraper à chaque étape son fugitif époux. Je ne dirai pas comment cette course-poursuite fort peu hollywoodienne se termine. Cet épilogue, dont je ne suis pas certain d’avoir compris le sens, n’aura pas été de nature à éclairer le souvenir nébuleux que je garderai de Grand Tour.

La bande-annonce

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