Dilili, une jeune Kanake, arpente le Paris de la Belle époque dans le triporteur d’Orel, un jeune et beau livreur. Le duo est à la recherche des Mal-Maîtres, une organisation malfaisante qui kidnappe les petites filles. Leur chemin croisera celui de Louise Michel – dont Dilili fut l’élève en Nouvelle-Calédonie – de la cantatrice Emma Calvé, de Sarah Bernhardt, de Marie Curie, de Louis Pasteur, d’Erik Satie, de Toulouse-Lautrec, de Rodin, de Marcel Proust et de tant d’autres…
Vingt ans après Kirikou, douze ans après Azur et Asmar, Michel Ocelot est de retour. Son style est immédiatement reconnaissable : luxueuse palette chromatique, soin extrême apporté aux décors et aux arrières-plans, caractère chevaleresque de ses personnages, morale humaniste et hymne à la tolérance….
À la différence de ses précédentes réalisations, celle-ci se déroule en France, dans un décor de carte postale, le plus beau, le plus exubérant qu’il soit : le Paris de la Belle époque. Pour arriver à ce résultat, Ocelot a travaillé à partir de photos prises dans la capitale dont il a gommé les éléments trop contemporains. Le résultat est flamboyant, même s’il tourne parfois à la visite guidée pour touristes en goguette : la Tour Eiffel, Montmartre, les quais de Seine, tout y passe…
De même, la façon dont Dilili et son chevalier servant croisent les gloires de l’époque, même si elle offre aux parents et aux maîtres d’école un matériau utile à une initiation aux grands courants artistiques du début du siècle, est trop artificiel pour être convaincante. On a parfois l’impression de feuilleter un Who’s who plutôt que de regarder un film d’animation.
Plus grave peut-être : l’histoire d’enlèvement de fillettes par une secte maléfique est totalement imaginaire. Elle tire Dilili à Paris du côté du plaidoyer féministe anachronique, avec sa jeune héroïne – dont les origines kanakes ne sont jamais utilisées dans l’intrigue sinon pour donner à un casting uniformément blanc un peu de couleur – ses francs-maçons phallocrates et ses petites filles réduites à l’esclavage sous leur niqab.
Mais ne boudons pas notre plaisir et réjouissons nous que des produits d’une telle qualité soient proposés à nos jeunes têtes blondes.