L’Homme qui tua Don Quichotte ★☆☆☆

Toby (Adam Driver) est devenu un célèbre réalisateur américain. De retour en Espagne sur un tournage, il part à la recherche du cordonnier (Jonathan Pryce) qu’il avait embauché pour son premier film, une adaptation en noir et blanc de Cervantès.
Mais le vieil homme a depuis sombré dans la folie. Il se prend pour Don Quichotte et prend Toby pour son fidèle écuyer, Sancho Panza

Il y a beaucoup de raisons de s’enthousiasmer pour le dernier film de Terry Gilliam.
La première est bien sûr les conditions de sa réalisation et de sa sortie – que nous rappelle d’ailleurs un carton avant le générique. Le film a mis plus de vingt ans à se faire. Lost in la Mancha, un making of sorti en 2002, racontait les déboires subis par Terry Gilliam pour en tourner une première version avec Jean Rochefort, Johnny Depp et Vanessa Paradis. Quinze ans plus tard, c’est un bras de fer juridique avec un ayant-droit, le portugais Paulo Branco et sa société Alfama Films, qui faillit une fois encore compromettre la sortie du film.

La seconde, et non la moins moindre, est la richesse du scénario qui, sous prétexte de nous narrer les aventures de Don Quichotte, s’essaie au portrait de l’artiste en – vieil – homme.  Jonathan Pryce qui interprétait déjà il y a plus de trente ans le premier rôle de Brazil, est le double autobiographique de l’ancien Monthy Python. Le personnage, comme le réalisateur, vit un rêve dangereux : fuir une vie décevante et se réfugier dans la fiction. Il entraîne à sa suite ce jeune réalisateur américain surdoué campé par Adam Driver –  dans la peau duquel on imagine fort bien le charme et l’ironie de Johnny Depp – qui constitue un second double autobiographique de Terry Gilliam. D’un côté donc un jeune réalisateur qui court à sa perte à force de poursuivre des chimères ; de l’autre un vieil homme philosophe qui a définitivement lâché les amarres.

Mais toutes ces – bonnes – raisons – ne suffisent pas à faire de L’Homme qui… un bon film.
Pour faire un bon film, il faut… un bon film. Et cette adaptation dynamitée de Cervantès n’en est pas un, aussi grande que fut notre attente et aussi intense notre désir d’accompagner Terry Gilliam dans ses délires. La faute à un effarant manque de rythme. L’Homme qui tua Don Quichotte est une Rolls Royce avec un moteur de 2CV. Sa première demie heure, censée introduire les personnages et lancer l’action, ressemble à un mauvais film d’action : pourquoi diable avoir fait monter Toby sur une moto et l’avoir lancé dans une course poursuite aussi poussive que convenue ? Le reste est à l’avenant, pendant plus de deux heures interminables où les personnages n’évoluent pas d’un iota, jusqu’à une longue scène finale, un bal masqué qu’on espérait féérique et dont la seule utilité semble-t-il est d’éclairer le sens du titre.

La bande-annonce

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