La Cacophonie du Donbass ★☆☆☆

La propagande soviétique a longtemps fait du Donbass, une région minière située à l’est de l’Ukraine, une terre de cocagne. Ses travailleurs étaient des demi-dieux prolétariens. Stakhanov, qui en une nuit d’août 1935 abattit la tâche normale de sept de ses collègues, en devint le mythique porte-drapeau. Ils étaient les héros du film La Symphonie du Donbass réalisé en 1930 par Dziga Vertov.

Mais derrière le mythe stakhanoviste, la réalité était tout autre.
Le réalisateur ukrainien Igor Minaïev montre l’envers du décor. Il documente les terribles conditions de vie qui prévalaient dans cette région qui bascula en 2013 dans la guerre civile.

Son court documentaire (une heure et deux minutes seulement) traite deux sujets en un. Le premier est sans doute le plus intéressant : il s’agit de montrer comment la propagande soviétique a fait du Donbass une vitrine du communisme. Les images d’archives dénichées par le réalisateur sont édifiantes. La réalité était bien plus triste, marquée par la pauvreté, l’alcoolisme, les accidents de travail.

Le second est plus actuel. Le documentaire raconte la guerre civile de 2013-2014 qui ensanglanta la région. Dans un long témoignage, une femme, la cinquantaine, raconte comment, suspectée de sympathies pro-ukrainiennes, elle a été violentée par les milices pro-russes et conspuée par une foule ivre de haine.
La même scène figure dans la fiction de Sergueï Loznitsa Donbass sortie l’automne dernier. On y voyait une douzaine de moments clés de la guerre, tous aussi traumatisants les uns que les autres. La charge était lourde, parfois pachydermique, qui dénonçait la violence des séparatistes. Mais le résultat était autrement convaincant que cette Cacophonie du Donbass, qui cherche, contre toute logique, à identifier une généalogie entre la mystification soviétique et la guerre civile contemporaine.

La bande-annonce


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