140km à l’ouest du paradis ★☆☆☆

La jeune documentariste française Céline Rouzet a sans doute dû relever bien des défis, que sa caméra a la pudeur de ne pas évoquer, pour aller au fin fond de la Papouasie Nouvelle Guinée filmer une tribu papoue prise au piège de la modernité. Sur ses Hautes terres, Exxon Mobil, avec la complicité de la classe politique corrompue, l’a privée de ses terres en lui promettant une pluie d’or qui n’est jamais venue.

Néo-colonialisme, racisme larvé, disneylandisation des peuples premiers, exploitation intensive des ressources naturelles : le terrain de Céline Rouzet rassemble jusqu’à la caricature les tares de la modernité orgueilleuse. La journaliste aurait pu verser dans le manifeste écologiste et anticolonialiste qu’on s’attendait à voir après en avoir vu la bande-annonce et en avoir lu le pitch. Elle a la retenue de ne pas le faire.

Son documentaire laisse paradoxalement un goût de trop peu. C’est un comble avec un sujet aussi riche tourné sous des latitudes aussi exotiques. Il existe, ai-je appris, une trilogie d’anthologie filmée dans la même région par un couple d’anthropologues australiens dans les 80ies : First Contact Joe Leahy’s Neighbours Black Harvest. J’imagine qu’elle fait la joie de quelques passionnés qui s’en enquillent les trois volets lors d’interminables projections en plein air à Couthures-sur-Garonne ou Arles-sur-Tech ! Je ne l’ai pas vue et découvrais ici pour la première fois un documentaire tourné dans un pays aussi lointain.

Aussi ai-je été frustré de ne pas plus en découvrir. Céline Rouzet a réussi à se faire accepter de ses hôtes qui lui ont offert un toit. Mais elle n’a rien trouvé à filmer sinon une attente émolliente, rythmée par les tentatives vaines d’un des membres du clan d’aller chaque jour devant la base-vie d’ExxonMobil en essayant sans succès d’y faire prévaloir ses droits. On a vite compris qu’il s’était fait rouler. Mais une fois cet amer constat dressé, 140km à l’ouet du paradis ne trouve plus rien à dire…

La bande-annonce

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