Churchill ☆☆☆☆

À la veille de déclencher l’opération Overlord en Normandie, Churchill hésite. Responsable en 1915 du désastre de Gallipoli en Turquie, il ne veut pas une seconde fois être responsable d’une boucherie.

Comme son titre ne l’indique pas, Churchill n’est pas un biopic. Il ne s’agit pas ici d’englober dans toute sa richesse, l’histoire du plus grand homme d’État britannique que le vingtième ait connu mais – comme le faisait avec autrement plus de talent Jackie sur la veuve de John Kennedy – de raconter quarante huit heures de sa vie : les quarante-huit heures qui précédèrent le débarquement en Normandie.

Churchill est lesté de tellement de défauts que les épingler l’un après l’autre confine au jeu de massacre.

Le moindre n’est pas son académisme. Churchill se veut un film en costumes. Hélas, il ne quitte guère les sous-sols du 10, Downing Street sinon pour quelques échappées en bord de mer – bizarrement filmées sur le littoral écossais.
Brian Cox, un des plus grands acteurs shakespeariens vivants, y cabotine à loisir. Comme si son personnage s’y résumait, il ne cesse de tirer sur son cigare – au point qu’on se demande si l’équipe technique a dû filmer avec un masque à gaz pour se protéger de ses volutes.

Mais plus fondamentalement, Churchill repose sur un grave défaut de structure. Toute l’intrigue est construite autour d’un faux suspense. Le débarquement aura-t-il lieu ? On sait que oui. Dès lors, les états d’âme du Premier ministre font long feu. Pire : ils donnent de lui l’image d’un homme qui manque cruellement et de flair et de détermination, alors que sa vie aura donné l’exemple du contraire.

La bande-annonce

Un jeune patriote ★★☆☆

Pendant quatre ans, le documentariste Du Haibin a filmé la vie d’un jeune homme originaire du Shanxi qui, le bac en poche, part étudier à l’université de Chengdu.

Filmer une vie, filmer la vie. Choisir un individu. Le filmer dans la durée.Voilà un pari sacrément culotté pour un réalisateur et pour son producteur. Sur quelle base choisir son héros ? Comment être sûr que les hasards de la vie n’invalident ce choix ?

On ne saura pas pourquoi Du Haibin a choisi de filmer Zhao Changtong. Le titre du film, son affiche nous indiquent une piste : le réalisateur s’est demandé comment on pouvait être un patriote communiste trois quarts de siècle après la révolution chinoise et alors que la Chine s’est transformée en jungle capitalise. Les premières images du documentaire montrent le jeune Zhao parader dans les rues de sa ville natale, en uniforme de garde rouge, portant fièrement le drapeau national. Deux destins s’imaginent à pareil personnage. Le premier est qu’il gravisse scrupuleusement les échelons de la hiérarchie communiste pour en devenir, un jour, qui sait, l’un des chefs. Le second est qu’il déchante rapidement, ses idéaux de jeunesse se fracassant sur les réalités d’une vie moins rose.

C’est la seconde voie qu’empruntera Zhao Changtong, transformant du coup le récit de sa vie en réquisitoire à charge contre les dévoiements de la Chine communiste. La foi dans le communisme de Zhao est d’abord ébranlée par le scandale Bo Xilai, ce maire de Chongqing dont la carrière météoritique a brutalement été interrompue par un procès retentissant. Plus proche de lui, la destruction de sa maison natale par des promoteurs immobiliers corrompus le font douter de la justice du système communiste. Mais, au fond, c’est la vie qui fait son travail de sape : en mûrissant, en tombant amoureux, en participant à un camp d’été dans un village reculé du Sichuan, Zhao se frotte à la vie et abandonne l’intransigeance militante qui était la sienne. Un jeune patriote parle moins du patriotisme et de ses dérives que de la jeunesse et du temps qui passe.

La bande-annonce

Suntan ★★★☆

Kostis est en pleine crise de la quarantaine (lui aussi !). Il accepte un travail de médecin dans une île perdue des Cyclades. Il s’y ennuie ferme pendant tout l’hiver avant qu’arrivent l’été, son lot de touristes et de « chattes en chaleur » (sic). Le docteur soigne dans son cabinet Anna. Il suit ses amis à la plage, au camping, en boîte. Il couche même avec Anna mais les sentiments vite obsessionnels qu’ils éprouvent pour elle ne sont pas partagés.

L’Année des Méduses 2016.En 1984, Valérie Kaprisky faisait scandale dans le film de Christopher Frank en draguant, seins nus, à Saint-Tropez des hommes mariés. La société a bien changé. Les lolitas dévergondées ne choquent plus personne. Dans Paradis : Amour, Ulrich Seidl décrivait une quinquagénaire autrichienne achetant sur la côte kényane les services tarifés d’un bel éphèbe noir. Ce sont les mêmes mécanismes qui sont à l’œuvre entre Kostis et Anna, si ce n’est que l’argent ne permet pas à l’offre et à la demande de sexe de se rencontrer. D’un côté un nounours bedonnant désespérément en manque d’amour ; de l’autre une jeune fille de son temps qui a décidé de « s’éclater » avec ses copains sans penser à mal.

Houellebecq en Grèce. Bien qu’il ne soit pas crédité au générique, le romancier français a inspiré le film de Argyris Papadimitropoulos. Notamment Extension du domaine de la lutte qui mettait en scène un quarantenaire pathétique en quête d’amour et de sexe et, plus encore, Plateforme, où Houellebecq théorisait l’inégalité dans l’accès des individus au sexe, fonction quasi-linéaire de l’âge du physique et du revenu.

Tout le film est tourné à travers les yeux de Kostis et documente avec masochisme sa lente descente aux enfers. Sans doute, dans un premier temps partage-t-on sa joie à rencontrer Anna, son émotion à découvrir son corps nu, son excitation à lui faire – trop brièvement – l’amour sur une plage déserte. Mais le bonheur est de courte durée. L’attirance de Kostis pour Anna est obsessionnelle. Le film se construit dans sa seconde partie sur le décalage entre le spectateur, qui a compris immédiatement que les efforts de Kostis sont ridicules, et Kostis qui s’entête morbidement malgré les rebuffades de moins en moins diplomatiques. On se demande jusqu’où cette attirance malsaine le conduira. La dernière scène du film n’est pas la plus mauvaise qui laisse la question ouverte.

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I Am Not Your Negro ★★☆☆

En 1979, l’intellectuel noir américain James Baldwin (1924-1987) a commencé l’écriture d’un livre qu’il n’a jamais achevé. Remember This House raconte la lutte de trois de ses cadets, morts assassinés avant quarante ans : le leader des Black Panthers Malcom X (1925-1964), le militant pour les droits civiques Martin Luther King (1929-1968), le membre de la NAACP Medgar Evers (1925-1963). Le réalisateur haïtien Raoul Peck le met en images et lui donne la voix, belle et grave, de Samuel Jackson (Joey Starr dans la version française)

Deux idées forces traversent son documentaire diffusé fin avril sur Arte avant de sortir deux semaines plus tard au cinéma. La première est de faire résonner le passé et le présent. En entrelaçant des images d’archives et des images d’actualité, Raoul Peck veut montrer que les combats d’hier sont toujours d’actualité. Le mouvement Black Lives Matter lancé en 2013 résonne avec la lutte pour l’émancipation des Noirs menée par la NAACP dans les années 60 ; les violences policières dont étaient hier victimes les Noirs sont toujours de mise aujourd’hui (la mort de Eric Garner en 2014 (« I can’t breathe »), celle de Michael Brown la même année à Ferguson).

« The story of the Negro in America is the story of America. It is not a pretty story. » La seconde idée force est peut-être la plus stimulante. Elle consiste à replacer la question noire au centre de l’histoire sociale américaine, à refuser qu’elle n’en constitue qu’un appendice désagréable. Pour le dire autrement, Baldwin soutient que le WASP protestant n’existe que dans la négation du Noir : négation qui prenait hier la forme de l’esclavage, qui prit ensuite celle de la ségrégation, qui prend aujourd’hui celle plus insidieuse de la relégation géographique (les ghettos noirs) et culturels (la culture noire).

L’œuvre de Baldwin est un cri « I Am Not Your Negro ». Un cri contre l’injustice qui est faite aux Noirs d’Amérique. Un cri contre leur assignation à une condition dévalorisante. Un cri dont il raconte comment il est monté dans sa gorge lorsqu’encore enfant il découvrit qu’il n’était pas blanc dans une société où il allait de soi de l’être.

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Message from the King ★★☆☆

En provenance du Cap, Jacob King débarque à Los Angeles à la recherche de sa sœur dont il est sans nouvelle. Il découvre bientôt qu’elle a été sauvagement assassinée. Il mène l’enquête à sa façon.

Message from the King est une série B assumée. C’est l’œuvre de commande d’un réalisateur belge qui avait déjà signé de ce côté-ci de l’Atlantique quelques petits polars nerveux. J’avais vu en 2005 Calvaire, son premier long, dont l’action se déroulait dans un bled perdu des Ardennes et qui frisait avec le film d’horreur.

Hollywood s’est fait la spécialité d’importer les meilleurs cinéastes du vaste monde. La greffe prend parfois : Alejandro Iñárritu , Nicholas Wending Refn, Denis Villeneuve. Elle échoue souvent : les plus grands, comme Stephen Frears, Wong Kar Wai ou Jean-Pierre Jeunet, ont failli y perdre leur âme. Fabrice du Welz fait le job honnêtement, filmant avec nervosité un classique revenge movie.

Message from the King fonctionne bien dans sa première moitié tendue par le mystère qui entoure les conditions mystérieuses de la disparition de la sœur de Jacob King. Quand le suspense se lève, il devient plus classique et plus ennuyeux : le gentil très gentil va affronter des méchants très méchants – trafiquant de drogue, VIP pédophile et politicien véreux. Il serre la mâchoire et le poing, prend sous sa coupe la mère et l’orphelin(e) et parvient, ô surprise, à faire triompher la vertu sur le vice.

La bande-annonce

L’Amant d’un jour ★★☆☆

Il est des films dont la bande-annonce suffit à me séduire. La La land évidemment. Miss Sloane. Mais aussi cet Amant d’un jour dont le beau noir et blanc m’a immédiatement touché. Mon coup de foudre doit beaucoup – il me faut le confesser – au beau visage grave de Louise Chevillotte qui, d’une voix suave, rappelle à son professeur de philosophie leur première rencontre : « Quand tu as dit « La philosophie n’est pas un divorce avec la vie »/ Tu m’as regardée / Tu t’es arrêté juste en face de moi / Je me suis sentie complètement toute nue / Je suis tombée amoureuse de toi »

Pourquoi ce titre ? pourquoi cette affiche ? Le sujet du film est moins le donjuanisme féminin d’Ariane, jouée par la lumineuse Louise Chevillotte, que le trio qu’elle forme avec son professeur de philosophie, dont elle partage l’appartement, et la fille de celui-ci, Jeanne, qui s’y réfugie après une rupture douloureuse. Trio d’une grande modernité à une époque où les différences d’âge dans le couple et les familles recomposées sont désormais monnaie courante. Trio qui n’en interroge pas moins les rapports homme-femme.

Première question lourde de relents œdipiens : comment un homme peut-il cohabiter avec deux femmes du même âge, sa fille et son amante ? Second sujet examiné, lui, du point de vue féminin : la fidélité. Jeanne fait le deuil d’un amour exclusif et se dit incapable d’aimer un autre homme que le garçon dont elle est séparée. Ariane prône au contraire le libertinage et revendique son droit de jouir de chaque rencontre.

Ainsi posés, les caractères semblent voués à une évolution prévisible. On prend le pari que, sous l’influence d’Ariane, Jeanne oubliera progressivement son fiancé et rencontrera un nouvel amoureux, tandis que, sous celle de Jeanne, Ariane se lassera de ses aventures éphémères pour se fidéliser. Il n’en sera rien. La fin de L’Amant d’un jour a déjoué tous mes pronostics. Ce dénouement a eu l’avantage de me surprendre. Mais il ne m’a pas convaincu pour autant.

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Lou Andreas-Salomé ★☆☆☆

Lou, Friedrich, Rainer, Sigmund… Lou
Lou von Salomé est née en 1861 à Saint-Pétersbourg, la dernière fille d’un père qui la chérit et qui travaille au service du tsar. Très intelligente, elle part étudier la philosophie  à l’université de Zurich, la seule en Europe qui à l’époque accueillait les jeunes filles.

En 1882, à l’occasion d’un séjour à Rome, elle rencontre Friedrich Nietzsche. Il a dix-sept ans de plus qu’elle. En rupture avec les usages, elle  cohabite quelque temps avec lui et avec Paul Rée, un autre philosophe allemand, jusqu’à ce que la sœur de Nietzsche ne les sépare. Rée demande en vain la main de Lou qui craint que l’amour physique ne la détourne de sa vocation d’intellectuelle. Si elle accepte en 1887 d’épouser Friedrich Andreas, c’est à condition que leur union reste platonique.

En 1897 Lou Andreas-Salomé rencontre René Rilke. Il a quatorze ans de moins qu’elle. Leur amitié se transformera en histoire d’amour. Quelques années plus tard, à Vienne, elle fait la connaissance de Sigmund Freud avec lequel elle pratique une auto-analyse. Elle meurt en 1937, veillée par la fille qu’Andreas a eu de leur domestique, dans l’Allemagne nazie qui décide la mise à l’index de son œuvre

Vous avez l’impression de lire une notice Wikipedia ? Vous n’avez pas tout à fait tort. Le film Lou Andreas-Salomé met sagement en image la vie de cette féministe avant l’heure – à l’instar du récent film, allemand lui aussi, Paula qui relatait la vie de la peintre Paula Modersohn-Becker. Comme devant un documentaire de la chaîne Histoire, on passe un moment instructif – en tricotant un chandail ou en sirotant un cognac. On aimerait bien être touché, ému, remué. Mais ce serait trop demander d’une notice Wikipedia.

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Problemos ★★★☆

Sur le chemin des vacances, Victor (Eric Judor) a accepté, non sans réticence, de rendre visite au professeur de yoga de sa femme qui s’est installé au bord d’une rivière pour y faire obstacle à un projet de parc aquatique. Amusé et moqueur, il découvre les us et coutumes d’une communauté zadiste, écolo et baba-cool. Quand une mystérieuse pandémie dévaste la planète, laissant seuls au monde cette petite bande de pied nickelés, il n’a d’autre choix que de s’y installer à demeure.

Dans la lignée des Nuls, l’humour transgressif de Eric (Judor) et Ramzy (Bédia) fait des ravages. Après le succès de La Tour Montparnasse infernale (et de sa dispensable suite La Tour de contrôle infernale), l’humoriste poursuit, à la télévision (la série Platane sur Canal +) et au cinéma, sa carrière en solo.

Il prend pour cible dans sa dernière comédie les mouvements écologistes radicaux qui, de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes au barrage de Sivens, se mobilisent pour empêcher la construction d’équipements dont ils contestent l’opportunité. C’est l’occasion de quelques sketchs régressifs et hilarants sur les faux shamans, les chants révolutionnaires espagnols, les enfants asexués – pour ne pas les enfermer dès leur naissance dans un genre qui ne serait pas le leur – et les ateliers de parole sur les menstrues. L’exercice est si réussi qu’on s’étonne que la veine comique de ce milieu n’ait pas été exploitée plus tôt – l’écologisme radical n’est traité que de façon secondaire et sur un mode plus noir dans Le Grand Jeu de Nicolas Parisier et L’Avenir de Mia Hansen-Love. Est-ce à dire qu’Eric Judor est politiquement incorrect ? Pas si sûr. Il le serait plus – et provoquerait un tollé que Problemos n’a pas suscité – s’il prenait pour cible par exemple la religion, l’homosexualité ou le handicap.

Pour donner de la chair à ce qui n’aurait pu constituer qu’une succession de saynètes, la comédienne de one-man show Blanche Gardin, qui a co-signé le scénario et qui interprète le rôle de Gaya, une zadiste féministe, a imaginé un scenario de fin du monde. Le ressort est riche de potentialités : on pense à Ravage de Barjavel, à La Route de McCarthy, au Sa Majesté des mouches de Golding voire au Robinson de Defoe ou de Tournier. Manifestement ces références embarrassantes ont intimidé les auteurs de Problemos. Ils ébauchent à peine la question des hiérarchies et des inégalités qui se recréent inévitablement au sein de la communauté. Mais, assez maladroitement, ils s’arrêtent au milieu du gué, concluant leur propos par une pirouette. Dans l’espoir d’une suite possible ?

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Saint Georges ★☆☆☆

Tout s’écroule autour de Jorge. Son couple se délite. Son entreprise a déposé le bilan. Son pays est au bord de la faillite économique. Pour retenir son épouse, Jorge accepte de prendre un emploi de gros bras dans une entreprise de recouvrement de dettes.

Il y a deux films en un dans Saint Georges.

Le premier est un documentaire sur un Portugal comme on l’avait rarement vu. Loin des clichés touristiques sur le fado et la saudade, le Portugal filmé par Marco Martins est un pays gris, pauvre, frappé par la crise. On pense, la poésie en moins, à la trilogie de Miguel Gomes Les Milles et une nuits qui avait enchanté la Croisette en 2015.

Le second est le portrait d’un homme déchiré. Jorge est un boxeur qui n’a pas embrassé la carrière professionnelle auquel son père aspirait pour lui. Il ne sait que faire de son impressionnante musculature. On l’aura compris : c’est un géant au cœur tendre qu’embarrasse sa stature de videur. Mais c’est cette stature, précisément, qui intéresse la société de recouvrement de dettes aux méthodes peu orthodoxes qui l’emploie. Son rôle : intimider les payeurs récalcitrants voire les bousculer pour les contraindre à régler leurs dettes. Sauf que ces débiteurs sont de la même étoffe que Jorge : des malheureux broyés par la crise.

Ainsi croqué, Saint Georges a des accents scorcesiens. Mais Nuno Lopes n’est pas Robert de Niro dans Taxi Driver. Il en a pourtant l’étoffe, lui qui a pris vingt kilos et pratiqué la boxe pendant six mois pour endosser le rôle. Mais le scenario qui fait du surplace et une mise en scène qui abuse trop des ellipses sont les points faibles de ce film qui ne trouve jamais le bon rythme.

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Psiconautas ★☆☆☆

Sur une île coupée du monde, après un grave accident industriel, les habitants survivent tant bien que mal. Birdboy est hanté par la mort de son père. Dinky ne supporte plus ses parents et décide de quitter l’île avec deux amis. Zacharias est un pêcheur, étouffé par une mère possessive, qui trafique de la drogue à ses heures perdues.

Alberto Vázquez a adapté sa bande dessinée avec le concours de Pedro Rivero. Il en a fait un dessin animé d’un genre bien particulier. A mi chemin de Lewis Caroll et de Guillermo Del Toro comme l’annonce orgueilleusement l’affiche de ce film présenté l’an passé au Festival d’Annecy.

Psiconautas est un plongée volontiers cauchemardesque dans la psyché torturé d’enfants malades. Leur mal trouve-t-il sa cause dans l’accident (nucléaire ?) qui frappe leur île ? Les premières minutes du film le laissent penser qui annoncent une histoire du genre de Sa majesté des mouches – pour la survie d’une bande d’enfants sur une île déserte – mâtinée de Ferme des animaux – pour le bestiaire de moineaux, souris, renards qui en constituent les personnages principaux.

Mais Psiconautas se perd dans tous les sens, transformant sa concision (une heure seize seulement) en handicap. Les histoires parallèles se multiplient, qui nuisent à la cohérence du récit. Ainsi du détour que Dinky et ses compagnons d’échappée font dans une décharge toxique désormais gouvernée par une bande d’orphelins qui rappellent les gamins de Mad Max 3 ou Los olvidados de Bunuel. À force de filer trop de métaphores, de vouloir dénoncer tous les maux qui menacent nos sociétés (de la pollution industrielle à l’addiction aux drogues en passant par le racisme et le consumérisme), Psiconautas se perd et nous perd.

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