Brillante polytechnicienne du corps des Mines, Emmanuelle Blachey (Emmanuelle Devos) siège au comité exécutif de Théores, un géant de l’énergie. Un réseau de femmes aussi influent que discret la contacte en marge du Women’s Forum de Deauville pour prendre la tête d’Anthéa, une entreprise du CAC 40. Peu sûre d’elle, mais flattée de la proposition qui lui est faite, Emmanuelle hésite à s’engager. D’autant que face à elle, l’influent Jean Beaumel (Richard Berry) est prêt à tout pour pousser la candidature de son poulain. Un homme évidemment.
Numéro Une est un film à thèses. Depuis son titre avec ce E majuscule en rouge mat. Depuis son affiche où l’on voit Emmanuelle Devos, impeccable en tailleur pantalon, entourée d’hommes, sur les portraits qui ornent les murs et en face d’elle, anonymes et menaçants. Tonie Marshall – la seule femme à ce jour à avoir obtenu le César du meilleur réalisateur – ne s’en cache pas : elle a voulu faire un film sur « la difficulté des femmes à accéder à des postes importants ».
Tonie Marshall avait le projet d’en faire une série. Numéro Une en porte les traces, qui compte trop de rebondissements, d’intrigues secondaires que ses deux heures ne suffisent pas à développer. On aurait aimé avoir plus de respiration pour partager la vie d’Emmanuelle Blachey, ses espoirs et ses déceptions. Borgen, Baron Noir et même L’État de Grace (mini-série française injustement oubliée pour avoir eu le tort en 2006 de prédire l’élection d’une femme à la présidence de la République) ont démontré qu’on pouvait efficacement décrire les arcanes du pouvoir à condition de s’en laisser le temps.
Comprimé dans un corset trop étroit, Numéro Une a les défauts qu’on reproche aux premiers épisodes de ces séries, avant que, le temps passant, on se familiarise avec leurs personnages et leurs situations. Tout y sonne faux. Ce cénacle de femmes complotistes dévoué corps et âme à leur candidate. Ces hommes veules. Ces cocktails de l’Arop où se décide la liste des PDG du CAC 40. Ces palais élyséens au protocole empesé. Tout sonne faux sauf Emmanuelle Devos parfaite de bout en bout.