Poissonsexe ★★☆☆

Dans un futur proche, la pollution a vidé les océans de sa population. Il n’y a plus de poissons et une seule baleine qui s’approche des côtes françaises et menace de s’y échouer.
Daniel (Gustave Kervern) est ichtyologue titulaire d’un doctorat que personne n’a lu sur le langage des piranhas (sic). Il travaille dans un laboratoire qui cherche sans succès à éclairer les causes de la baisse de fertilité des poissons. Sa vie privée est elle aussi un champ de ruines. Sans conjoint, sans enfants, sans amis, retrouvera-t-il goût à la vie auprès de Lucie (India Hair), la serveuse qui lui sert tous les matins son café et sa viennoiserie au café où il a ses habitudes ?

Une semaine après Effacer l’historique, on retrouve Gustave Kervern, cette fois-ci de l’autre côté de la caméra. Gros nounours triste et attachant, il joue ici sous la direction d’Olivier Babinet dont le précédent film, Swagger, avait pour cadre les HLM déshumanisés d’Aulnay-sous-Bois.

La présentation que j’en ai faite ne doit pas  induire en erreur : Poissonsexe n’est pas une dystopie façon Black Mirror qui interroge l’avenir de l’humanité confronté aux défis écologiques. Si son action se déroule dans un laboratoire, s’il y est beaucoup question de la reproduction et de la fertilité des poissons, si même une curieuse salamandre y joue un rôle important, l’essentiel est ailleurs : Poissonsexe est avant tout l’histoire d’un homme un peu paumé qui va renaître à la vie.

On a vu se multiplier ces temps ci ce genre de films qui croisent deux sujets en un : une étude de mœurs dans un laboratoire où se réalisent des recherches avant-gardistes. Ce fut le cas l’automne dernier de Little Joe avec une plante capable de diffuser du bonheur ou en 2016 du Secret des banquises où Guillaume Canet étudiait l’ADN des pingouins. La recette ne convainc qu’à moitié. Sans doute l’ambiance futuriste, parfois angoissante, parfois loufoque, donne-t-elle à ces films une connotation particulière ; mais bien vite cette « ambiance » s’épuise, résumant l’histoire à sa plus simple expression, une banale histoire d’amour.

Tel est le défaut de Poissonsexe. Comme son titre, mot-valise faussement imaginatif, la fable futuriste qu’il échafaude révèle vite ses limites. Ces poissons qui disparaissent, cette baleine qui s’échoue se dévoilent vite pour ce qu’ils sont : la métaphore d’un monde houellebecquien incapable d’aimer et hanté par le spectre de sa disparition. Mais la démonstration ne va pas à son terme. Comme s’il avait été effrayé par pareille noirceur, Olivier Babinet termine son film, ainsi qu’on l’avait pressenti, par un rayon de douceur rassérénant, mais un peu trop convenu.

La bande-annonce

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