Trois contes de Borges ☆☆☆☆

Un vieil homme aveugle raconte à une jeune femme trois histoires : la rencontre au bord d’un fleuve du jeune Borges avec son double vieillissant, celle d’un mendiant prétendant détenir dans le creux de sa main un disque qui n’a qu’une seule face, celle d’un vendeur de bibles qui possède un livre infini.

J’ai découvert Borges très jeune quand un ami m’a mis Fictions dans les mains et, comme tant d’autres, j’ai été immédiatement emporté par ses courtes histoires qui posent, l’air de rien, d’insolubles questions métaphysiques. Son intelligence aiguë, son érudition, sa façon de jouer avec le lecteur m’ont dérouté, séduit, fasciné.

Aussi, trente ans plus tard, je n’ai pas voulu rater l’adaptation au cinéma qui était faite de trois nouvelles tirées du Livre de sable. Bernardo Bertolucci en 1970 et Carlos Saura en 1992 ont réalisé deux films que je n’ai pas vus inspirés de deux de ses nouvelles. Quelle ne fut ma déception !

Trois contes de Borges est un film prétentieux, bavard, mal joué dont les personnages s’apostrophent indifféremment en français, en espagnol, en portugais, en anglais ou en allemand – histoire d’illustrer le plurilinguisme de l’écrivain qui partagea sa vie entre l’Europe et l’Amérique latine. Chacun des trois contes, très courts (El otro, El disco, El libro de arena) est tour à tour mis en images et déclamé par le personnage principal, au cas où on ne l’ait pas compris du premier coup. Le tout voudrait « mettre en péril nos rapports au temps, à l’image, au langage » (sic). La seule chose mise en péril est notre résistance à l’ennui qui nous gagne, aussi bref soit ce film de soixante-dix-sept minutes à peine.

Le film de Maxime Martinot tourné en 2014 a mis plus de quatre ans à trouver le chemin des écrans. Encore n’est-il sorti à Paris que dans deux salles confidentielles. En deuxième semaine, une seule le programmait encore. On comprend pourquoi…

La bande-annonce

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